1. Mélodie en sous sol
Sorti en 1976, Assaut permit au grand public de découvrir un cinéaste
de grand talent : John Carpenter. Ce n'est pas sans réticence que je suis
allé voir ce remake de 2005 attiré par le nom de Jean François Richet
l'auteur de Ma 6 T va cracker. A tort car le frenchi parti aux
USA faire le remake d'un film américain s'en sort à merveille. Son film
se regarde avec plaisir. Sans toutefois égaler l'original J-F Richet a
réussi à distiller assez de sa touche frenchie. L'ambiance surchauffée
d'un commissariat miteux de la banlieue de Los Angeles laisse dans son
film la place à un poste de police de la banlieue industrielle de Détroit
le soir du Réveillon. L'automobiliste nerveux de la version originale
est remplacé par un chef de gang. Si le film perd l'arrière-plan sociologique
du 1er (l'Amérique malade de sa violence des années 70), il conserve un
tant soit peu de crédibilité et ne tombe dans le remake plagiat. Richet
réussit à tirer sa série B vers le haut grâce à un rythme et un suspense
maintenus jusqu'au bout. Le film nous plonge dans un thriller claustrophobie
où assaillants et assiégés jouent la guerre des nerfs. Richet déploie
une imagination débordante pour décrire toutes les attaques, ripostes
et coups de bluffs. Il apporte sa touche personnelle en décrivant la violence
les policiers ripoux (cf l'exécution sommaire). Il évite en partie le
happy end ridicule. Il règne comme dans l'originale ce climat de quasi-guerre
civile où la lâcheté côtoie le courage le plus fort. L'action est omniprésente
tout au long de cette heure cinquante. On regretterait même ce déploiement
d'effets car Richet en néglige la psychologie de personnages. La question
de la livraison/défense du détenu est simplement évoquée. C'est ici que
réside le principal défaut du film : l'action nuit à la réflexion et au
travail sur les personnages. A part le sergent et le ganger, on ne connaît
rien des autres policiers. Les ripoux auraient mérité une analyse fine
de leur motivation. Plaisant dans son scénario, le film s'appuie sur une
solide équipe d'acteurs. Ethan Hawke crépusculaire et dépressif à souhait
semble sortir tout droit de Training Day. Laurence Fishburne garde
son style "matrix " particulièrement dans la scène de l'église. Tout en
réflexion, il assène ses vérités quasi bibliques et les coup de poing
bien sentis. Une sorte de Morpheus des bas fonds. Charismatique à souhait.
Ce rôle lui va à merveille. On retrouve avec beaucoup de plaisir Brian
Dennehy et Gabriel Byrne toujours aussi talentueux même s'ils sont sous
utilisés. Le tout forme un polar de bonne facture qui remplit avec brio
sans cahier des charges.
Hervé L.
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