Assaut sur le Central 13
2004
Réal. : Jean François Richet
Avec : Ethan Hawke, Lawrence Fishburne


1. Mélodie en sous sol
Sorti en 1976, Assaut permit au grand public de découvrir un cinéaste de grand talent : John Carpenter. Ce n'est pas sans réticence que je suis allé voir ce remake de 2005 attiré par le nom de Jean François Richet l'auteur de Ma 6 T va cracker. A tort car le frenchi parti aux USA faire le remake d'un film américain s'en sort à merveille. Son film se regarde avec plaisir. Sans toutefois égaler l'original J-F Richet a réussi à distiller assez de sa touche frenchie. L'ambiance surchauffée d'un commissariat miteux de la banlieue de Los Angeles laisse dans son film la place à un poste de police de la banlieue industrielle de Détroit le soir du Réveillon. L'automobiliste nerveux de la version originale est remplacé par un chef de gang. Si le film perd l'arrière-plan sociologique du 1er (l'Amérique malade de sa violence des années 70), il conserve un tant soit peu de crédibilité et ne tombe dans le remake plagiat. Richet réussit à tirer sa série B vers le haut grâce à un rythme et un suspense maintenus jusqu'au bout. Le film nous plonge dans un thriller claustrophobie où assaillants et assiégés jouent la guerre des nerfs. Richet déploie une imagination débordante pour décrire toutes les attaques, ripostes et coups de bluffs. Il apporte sa touche personnelle en décrivant la violence les policiers ripoux (cf l'exécution sommaire). Il évite en partie le happy end ridicule. Il règne comme dans l'originale ce climat de quasi-guerre civile où la lâcheté côtoie le courage le plus fort. L'action est omniprésente tout au long de cette heure cinquante. On regretterait même ce déploiement d'effets car Richet en néglige la psychologie de personnages. La question de la livraison/défense du détenu est simplement évoquée. C'est ici que réside le principal défaut du film : l'action nuit à la réflexion et au travail sur les personnages. A part le sergent et le ganger, on ne connaît rien des autres policiers. Les ripoux auraient mérité une analyse fine de leur motivation. Plaisant dans son scénario, le film s'appuie sur une solide équipe d'acteurs. Ethan Hawke crépusculaire et dépressif à souhait semble sortir tout droit de Training Day. Laurence Fishburne garde son style "matrix " particulièrement dans la scène de l'église. Tout en réflexion, il assène ses vérités quasi bibliques et les coup de poing bien sentis. Une sorte de Morpheus des bas fonds. Charismatique à souhait. Ce rôle lui va à merveille. On retrouve avec beaucoup de plaisir Brian Dennehy et Gabriel Byrne toujours aussi talentueux même s'ils sont sous utilisés. Le tout forme un polar de bonne facture qui remplit avec brio sans cahier des charges.

Hervé L.

 

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