1.
Xavier (alias Romain Duris, un étudiant (super normal, pas un de ces branchés
parisiens que l'on a l'habitude de voir) de 25 ans décide de partir à
Barcelone pour sa dernière année d'études de sciences éco. Il va partager
un appart avec 6 étudiants européens (une belge, une anglaise, un allemand,
un italien, une espagnole, et un suédois), faisant tous leur dernière
année d'études grâce à ERASMUS (programme d'échanges universitaires européens).
"L'auberge espagnole" (dico : lieu où l'on trouve que ce qu'on y apporte)
est un film sans prétention, puisqu'il s'agit d'une histoire banale d'étudiants
à l'étranger. C'est une comédie joyeusement colorée, sensible et touchante,
qui allie tolérance, générosité et fantaisie. Le personnage de Xavier
est tellement banal qu'il en devient attachant ; et il en est de même
pour les autres colocataires, que je me suis surprise à aimer... pour
leurs défauts ! Les quiproquos et autres blagues fusent, ainsi qu'un tas
de clichés extrêmement drôles et pas toujours flatteurs (le début du film,
par exemple, nous entraîne dans les méandres de l'administration universitaire).
La diversité culturelle de ce film dégage une vraie chaleur humaine. Dans
ce film multi-culturel, les personnages parlent espagnol, anglais et français
(avec l'accent de leur pays d'origine : j'étais d'ailleurs contente d'entendre
Xavier parler anglais et espagnol et de tout comprendre... sans l'aide
les sous-titres). C'est une sorte de "Friends" à l'européenne, qui dévoile
les joies de la colocation. D'ailleurs, en voyant ce film, quel étudiant
ne songerait pas , devant l'écran du cinéma, à tout quitter pour s'installer
à Barcelone... ou ailleurs ? Dans ce film, on retrouve un peu l'esprit
de groupe, déjà exploité dans le "Péril Jeune" (toujours de Klapisch).
Il y a tout de même quelques points négatifs concernant ce film. Tout
d'abord le présence d'Audrey Tautou (que j'avais aimé dans Le
Fabuleux destin d'Amélie Poulain, ainsi que dans A la folie pas
du tout, qui m'a déçue par son jeu d'actrice, et son rôle inutile
dans le film. On peut aussi chipoter, regretter des passages surréalistes
vains et une conclusion un brin naive . Mais, malgré ce dénouement trop
artificiel, "L'auberge espagnole" reste un petit film frais et sympa,
que je conseille à tous ceux qui, au cinéma, ne recherchent rien d'autre
qu'un divertissement. On en sort heureux .
Marion
Z, vu en 2002
2.
Chronique qui peut intéresser le quidam qui a vécu une année universitaire
dans une ville étrangère. L'ambiance est assez bien relatée. Le personnage
principal : Xavier, se laisse aller au gré des évènements, son départ,
favorisé par la bourse Erasmus (accordée par l'Europe pour ceux qui ne
le savent pas) est pur opportunisme. Les autres personnages sont survolés,
mais l'ensemble retrace assez fidèlement le vécu éphémère de ces étudiants,
partagés entre l'ennui, le nécessité de faire la fête pour faire quelque
chose de son temps, un petit break pour faire le point sur sa vie antérieure.
Le personnage de Martine n'est ni plus ni moins approfondi que les autres.
Ils ne sont guère attachants parce que le réalisateur les laisse plus
ou moins de côté. Film sympa pour qui maîtrise moyennement l'anglais :
on n'a pas besoin de regarder la traduction, l'ego est ravi de croire
qu'il comprends soudain cette langue. Le personnage de la bourge désoeuvrée
est inutile mais il va comme un gant à la miss Godrèche. Etait-il essentiel
? Rien n'est approfondi dans ce film à moitié biographique, qui ne laissera
sans doute pas de grandes traces dans l'histoire du cinéma. BOF à peine
de quoi tuer une soirée
Vu en vo 2002 BB
3.
Après le désastreux Peut-être, où Klapisch
flirtait avec le nanar, le réalisateur du Péril jeune
renoue avec un thème qui lui réussit assez bien : la peinture
de groupe. Il réussit parfaitement, en deux plans, trois répliques,
à caractériser ses personnages, et sait faire partager au
spectateur une expérience qui lui semble tout de suite familière,
même si l'on n'a pas la chance de connaître la collocation
internationale. Le problème est que Klapisch en reste là,
glissant doucement à la surface d'une histoire qui manque totalement
de profondeur, car centrée uniquement sur les aventures sexuelles
et amoureuses des uns et des autres. Il n'y a rien de mal à cela,
mais jamais l'on ne perçoit les rêves, les éventuelles
fêlures de chacun*. A l'image de beaucoup
de films de Klapisch, l'Auberge espagnole reste sympathique mais superficielle,
et ce n'est pas sa morale appuyée sur l'identité européenne
qui nous convaincra de la profondeur du propos, ni l'utilisation un peu
facile du très beau No Surprises (tube de Radiohead).
Pour ce qui est des acteurs, je n'ai, contrairement à Melle Z,
rien contre Audrey Tautou, si ce n'est qu'elle n'a pas un rôle très
sympathique. Quant à Judith Godrèche, Klapisch passe complètement
à côté de son personnage, fade de bout en bout.
Laurent
Goualle, vu à Pau en 2002
*
L'Auberge espagnole, tout comme le Péril jeune, souffrent
ainsi de la comparaison avec Together, superbe peinture de groupe
de Lukas Moodysson (Suède)
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