Un doux grain
de folie
En plein XVIIIè siècle, une ville est assiégée par les Turcs. En plein
théâtre où se jouent Les Aventures de Münchausen, surgit un vieil
homme qui se présente comme le vrai baron et propose au public de chasser
l'envahisseur. Terry Gilliam se sert de cette histoire (plusieurs fois
adaptée depuis les années 1940) pour nous offrir une plongée dans le siècle
des Lumières. Son oeuvre est d'abord un formidable film d'aventure, hommage
à la littérature picaresque. Il nous entraîne aux quatre coins de globe
: de la terre à la Lune, des Océans australes aux cratères de l'Etna.
Derrière le baron en quête de ses compagnons, Gilliam nous brosse un monde
d'incohérence à mi-chemin entre les chimères de Don Quichotte et les rêveries
de Cyrano de Bergerac. Son film est hymne à la liberté, à la rêverie loin
des contingences de notre monde de logique. Quel bonheur que de voyager
à la lune en ballon, de voler sur un boulet de canon, de s'échapper des
griffes du Sultan Turc ou de converser depuis les entrailles d'une créature
des abysses. Tout est matière à rêverie et à aventures. Le film nous propose
d'ailleurs quelques pures scènes d'anthologie : Uma thurman en Vénus de
Boticelli sortant de son coquillage, Robin Williams en tyran mégalo de
la Lune dont la tête échappe à son corps, le baron mythomane rappelant
à toutes les femmes rencontrées qu'elles lui rappellent la grande Catherine
et leur offrant des roses rouges sorties de nulle part. Tout l'esprit
irrévérencieux et audacieux de l'ancien Python rejaillit dans une fresque
montée comme une gigantesque pièce de théâtre. Le film ne perd pas de
son énergie et nous entraîne dans un mouvement perpétuel d'aventures.
Un film rare, un film culte, un bouffée d'oxygène.
Hervé
L.
|