Les aventures du baron de Munchausen
1988
Réal. : Terry Gilliam
Avec : John Nevile, Jonathan Pryce, Valentina Cortese

 

Un doux grain de folie

En plein XVIIIè siècle, une ville est assiégée par les Turcs. En plein théâtre où se jouent Les Aventures de Münchausen, surgit un vieil homme qui se présente comme le vrai baron et propose au public de chasser l'envahisseur. Terry Gilliam se sert de cette histoire (plusieurs fois adaptée depuis les années 1940) pour nous offrir une plongée dans le siècle des Lumières. Son oeuvre est d'abord un formidable film d'aventure, hommage à la littérature picaresque. Il nous entraîne aux quatre coins de globe : de la terre à la Lune, des Océans australes aux cratères de l'Etna. Derrière le baron en quête de ses compagnons, Gilliam nous brosse un monde d'incohérence à mi-chemin entre les chimères de Don Quichotte et les rêveries de Cyrano de Bergerac. Son film est hymne à la liberté, à la rêverie loin des contingences de notre monde de logique. Quel bonheur que de voyager à la lune en ballon, de voler sur un boulet de canon, de s'échapper des griffes du Sultan Turc ou de converser depuis les entrailles d'une créature des abysses. Tout est matière à rêverie et à aventures. Le film nous propose d'ailleurs quelques pures scènes d'anthologie : Uma thurman en Vénus de Boticelli sortant de son coquillage, Robin Williams en tyran mégalo de la Lune dont la tête échappe à son corps, le baron mythomane rappelant à toutes les femmes rencontrées qu'elles lui rappellent la grande Catherine et leur offrant des roses rouges sorties de nulle part. Tout l'esprit irrévérencieux et audacieux de l'ancien Python rejaillit dans une fresque montée comme une gigantesque pièce de théâtre. Le film ne perd pas de son énergie et nous entraîne dans un mouvement perpétuel d'aventures. Un film rare, un film culte, un bouffée d'oxygène.

Hervé L.