Baby Cart 2
1972
Japon
réal. : Kenji Mizumi
Avec : Wakayama Tomisaburo

 

Baby Cart 2 : l'enfant massacre
Fort du succès du 1er opus, Mizumi enchaîne et livre un chanbarra lumineux et iconoclaste. Débarrassé des obligations scénaristiques (l'histoire est contenue dans le 1er), il se concentre sur le style. Ce deuxième volet est véritablement l'épisode qui installe les codes de la série. Dès la 1ere scène Mizumi démontre son inspiration sans failles et débordante : une double attaque kamikaze contre l'ex-bourreau, le 1er assaillant se sacrifiant pour neutraliser Ogami. Tout le film déborde de ces scènes d'action extrêmes et toujours maîtrisées, Mizumi dote son héros d'armes gadgets toujours plus audacieux : le landau devient l'armurerie portative d'un guerrier intouchable. Misumi accorde à son héros cette aura d'invincibilité qui n'est pas sans rappeler la série du samouraï aveugle. Mais ici toute cette force est contrebalancée par l'image de l'enfant véritable viatique spirituelle. Pendant 1 heure et demi le réalisateur nous présente une présente une série de duels (ne pas manquer les amazones sanguinaires) dont le paroxysme est atteint par l'affrontement en plein désert entre le bourreau et les "dieux de la mort" trois guerriers envoyés par le shogun. L'attrait de ce volet vient du parti pris de la mise en scène. Misumi accorde un minimum de temps à l'explication. L'image prime sur une trame narrative succincte : on note une violence gore et un travail toujours plus vif de la transgression. Ogami sombre dans les ténèbres, enchaînant les contrats et les éliminations. Le code du samouraï semble loin. Chaque adversaire achève de détruire le code du bushido et rappelle la noblesse enfouie dans le fourreau d'Ogami. Mais plus troublante est la relation père-fils : le soutien, le regard de l'enfant sont ce qui rend à Ogami son humanité. Innovation particulière, le place du féminin et de l'érotisme. Composante à peine esquissée dans le 1er opus, elle devient essentielle ici au fur et à mesure où Ito s'enfonse dans les ténèbres. Avec ce second volet, Misumi achève la déconstruction du film de sabre. Hypnose visuelle, l'enfant massacre propulse la série vers les sommets du genre.

Hervé L., 2005

 

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