Baby Cart 2 :
l'enfant massacre
Fort du succès du 1er opus, Mizumi enchaîne et livre un chanbarra lumineux
et iconoclaste. Débarrassé des obligations scénaristiques (l'histoire
est contenue dans le 1er), il se concentre sur le style. Ce deuxième volet
est véritablement l'épisode qui installe les codes de la série. Dès la
1ere scène Mizumi démontre son inspiration sans failles et débordante
: une double attaque kamikaze contre l'ex-bourreau, le 1er assaillant
se sacrifiant pour neutraliser Ogami. Tout le film déborde de ces scènes
d'action extrêmes et toujours maîtrisées, Mizumi dote son héros d'armes
gadgets toujours plus audacieux : le landau devient l'armurerie portative
d'un guerrier intouchable. Misumi accorde à son héros cette aura d'invincibilité
qui n'est pas sans rappeler la série du samouraï aveugle. Mais ici toute
cette force est contrebalancée par l'image de l'enfant véritable viatique
spirituelle. Pendant 1 heure et demi le réalisateur nous présente une
présente une série de duels (ne pas manquer les amazones sanguinaires)
dont le paroxysme est atteint par l'affrontement en plein désert entre
le bourreau et les "dieux de la mort" trois guerriers envoyés par
le shogun. L'attrait de ce volet vient du parti pris de la mise en scène.
Misumi accorde un minimum de temps à l'explication. L'image prime sur
une trame narrative succincte : on note une violence gore et un travail
toujours plus vif de la transgression. Ogami sombre dans les ténèbres,
enchaînant les contrats et les éliminations. Le code du samouraï semble
loin. Chaque adversaire achève de détruire le code du bushido et rappelle
la noblesse enfouie dans le fourreau d'Ogami. Mais plus troublante est
la relation père-fils : le soutien, le regard de l'enfant sont ce qui
rend à Ogami son humanité. Innovation particulière, le place du féminin
et de l'érotisme. Composante à peine esquissée dans le 1er opus, elle
devient essentielle ici au fur et à mesure où Ito s'enfonse dans les ténèbres.
Avec ce second volet, Misumi achève la déconstruction du film de
sabre. Hypnose visuelle, l'enfant massacre propulse la série vers les
sommets du genre.
Hervé
L., 2005
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