Circulez, il n'y a rien à voir
Trois années ont passé depuis leur victoire. Les deux seuls survivants
sont devenus les leaders d'un groupe terroriste les Wild seven entré
en guerre avec le gouvernement japonais et les adultes. Après plusieurs
actions d'éclat le groupe s'est réfugié sur île où régulièrement le
gouvernement envoie une classe les déloger.
Le film débute par une scène impressionnante d'attentats en plein cœur
de Tokyo qui laisse augurer d'une réflexion pertinente sur le droit
à la violence. La 1ere demi-heure fait illusion. Le nouveau jeu est
crédible, extrêmement pervers : des ados habillés en policiers sont
envoyés traquer du terroriste (mais pour rendre plus sanguinolante leur
opération, les ados sont regroupés en pair ainsi si l'un des deux meurent,
le collier de l'autre explose). Fukasaku créée dans cette première une
atmosphère d'extrême pesanteur : le jeu fonctionne en autonomie et personne
n'en comprend plus la logique : pourquoi intervenir avec des ados alors
que l'armée cerne de toute part le repaire ? On croit discerner un germe
d'autocritique de ce jeunisme qui finalement légitime le fascisme. La
réalisation tient au début la route : mieux le débarquement des ados
filmés dans la veine du soldat Ryan est flippant, comme l'est la progression
dans les ruines des pseudos soldats. Mais passée cette première demi-heure,
le voile se déchire sur un film d'une rare médiocrité.
D'abord le propos, confus, désordonné malsain. Fukasalu (qui meurt avant
la fin du tournage) tombe dans le jeunisme primaire : les jeunes ont
tous les droits, le terroriste est un bon garçon. A aucun moment le
réalisateur ne travaille la pertinence de son propos. Le film sombre
dans la démagogie jeuniste et tombe dans les écueils que le 1er volet
avait su éviter.
Plus grave encore son antiaméricanisme primaire dérange et finit par
faire rire. Certes on apprécie la liste des pays " libérés " par l'oncle
sam. Mais derrière, le propos est caricatural : l'hymne à la résistance
afghane (version taliban) écœure. On ne comprend pas trop le parallèle
entre les ados et ces fous de dieu. Ensuite le film tombe dans l'outrance
: les acteurs sur-jouent et sont à la limite du ridicule : la palme
revient au " leader " des Wild seven totalement nul dans on costume
de résistant afghan, absolument pas convaincant lorsqu'il défend sa
guerre. Le gros problème de cette suite c'est que les acteurs ont davantage
été pris pour leur physique que pour leurs qualités de comédien. Ça
passait dans le 1er opus où Kitano monopolisait la scène mais dans la
suite c'est la catastrophe. Même Takeuchi Riki (successeur de Kitano)
sur-joue et s'effondre.
Un mot sur la mise en scène : fade sans souffle, redondante. Fukasaku
tombe dans le blockbuster américain: beaucoup de bruit pour rien. Les
ralentis frôlent le ridicule, les scènes de combat s'enchaînent et finissent
par nous lasser. Toute la créativité morbide du 1er s'efface devant
une suite répétitive de fusillades dont réchappent les gentils terroristes.
Tout culmine dans le happy end final où comme par miracle les jeunes
s'en sortent.
Grand gâchis, film niveau zéro, la déception est encore plus grande
lorsque l'on regarde le 1er volet. Loin d'expliquer les zones d'ombre,
la réaction de la société, Fukasaku surfe sur la facilité pour nous
livrer un film pour ado débile. Regardé au 5è degré, on discerne ici
ou là une sorte d'ovni visuel, expérience ultime sur le film commercial
: regardez tout ce que l'on peut montrer pour plaire au public !!! .
Hervé
L., vu en 2005
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