Ecran de fumée
Ressusciter une genre que l'on disait mort en adaptant une BD mythique
était un projet magnifique et ambitieux. Le confier à un réalisateur aussi
iconoclaste de Kounen (cf vibroboy ou doberman était osé. Le résultat
est des plus mitigés. Le film transpire d'un beauté mystique. Jamais l'Ouest
depuis Danse avec les Loups, n'a été si bien filmé. Les paysages sont
formidables et le travail de photo exceptionnel. L'ambiance du film, tout
en méditation, en lenteur, en hypnose marque. Il y a réellement une ambiance,
une pâte Kounen. Son film est réellement beau au sens artistique du terme.
Mais cela ne suffit pas à le rendre intéressant. Où est l'ambiance de
la BD ??? L'Ouest paraît terriblement vide, amorphe, brumeux. Les duels
au pistolet d'une rare indigence. Les personnages semblent complètement
perdus. Vincent cassel ne sait plus trop s'ils joue un cow-boy ou un rescapé
de Woodstock en quête du paradis artificiel. L'excellent Michael Madsen
(voir Kill Bill) est le seul à surnager malgré
le flou entourant son personnage. Toute l'erreur du film vient de l'importance
donnée au chamanisme. Le film tombe dans un grand trip spirituel sur l'âme
indienne. Il y gagne en beauté plastique mais y perd en contenu. La mécanique
tourne à vide, nous offrant certes une superbe évocation du monde des
esprit mais oubliant totalement l'esprit de la BD. En définitive Blueberry
n'a pas de sens. Et on sent au vue des documentaires sortis par Kounen
à quel point il a été dépassé par son sujet. Le film prend alors un autre
sens : c'est le trip hallucinogène d'un réalisateur qui se fait plaisir.
Le résultat risque de décevoir car trop nébuleux. .
Hervé
L.
Retour
liste
|