1.
Avec Bowling For Columbine, Michael Moore continue son exploration
de la face sombre de l'Amérique. Après Roger and I,
et The Big One, qui désignaient les incohérences
du système libéral, il s'attaque cette fois au problème
de la violence, intrinsèquement lié à celui des armes
en vente libre, et signe un nouveau documentaire rageur et accusateur,
s'appuyant sur une recette qui fonctionne de mieux en mieux au fil de
ses films :
- poser une question au départ (ici : pourquoi les Etats-Unis possèdent-ils
le plus grand nombre de morts annuel par arme à feu ?)
- aller sur le terrain bombarder les gens de questions faussement innocentes
et pointer, l'air de rien, les contradictions de ces interlocuteurs.
Bowling for Columbine est à la fois son film le plus drôle
et le plus inquiétant. Drôle car Moore n'a pas son pareil
pour mettre l'accent sur l'absurde et le ridicule qui sous-tend le discours
ampoulé des responsables d'usines d'armement, des miliciens du
Michigan, fous furieux de la gachette, ou autres acteurs fanatiques d'armes
à feu ; terrifiant car il dépeint une Amérique en
proie à une peur chronique amplifiée par les médias,
et qui finit par se retourner contre elle.
Sur le plan de la mise en scène, Bowling est remarquablement rythmé
: Moore, en bon entertainer, sait capter l'attention du spectateur,
mêlant films d'archives, animation, reportages sur le terrain avec
une grande maîtrise du montage.
Sur le contenu, si l'on excepte quelques raccourcis trop rapides et un
peu faciles sur l'histoire de la politique étrangère des
Etats-Unis, ainsi que l'absence d'enquête véritable sur le
pouvoir politique de la NRA (National Rifle association), Moore
sait mettre le doigt là où ça fait mal. Ses interviews
des miliciens sont particulièrement édifiants : accrochés
à leur M-16, ils invoquent fièrement le second amendement
de la constitution (A well-regulated militia, being necessary to the
security of a free State, the right of the people to keep and bear arms,
shall not be infringed). Ce principe, qui fut conçu en 1789
comme un élément de protection contre la tyrannie, devient
la bannière de fanatiques incontrôlables. Ceux-ci se prennent
pour des combattants de la liberté et les défenseurs des
principes fondateurs de la démocratie américaine !
Pour finir, Moore nous offre trois scènes ahurissantes : l'interview
d'un fou furieux qui fut plus ou moins impliqué dans un attentat
meurtrier contre un bâtiment fédéral ; l'entretien
avec le leader du groupe Marylin Manson, qui se révèle particulièrement
clairvoyant sur le rôle de bouc-émissaire qu'on lui fait
jouer dans le développement de la violence aux Etats-Unis ; enfin,
ce qui est désormais un classique des films de Michael Moore :
la "rencontre finale", avec dans le rôle de la victime,
Charlton Heston, président de la NRA (National Rifle Association),
dans une villa au luxe irréel. Je n'en dis pas plus, pour ne pas
déflorer la conclusion de cet excellent film.
Laurent
Goualle, vu au Méliès à Pau en 2002
2.
Bowling for Columbine est le 1er film de Michael Moore que j'ai
vu, et il m'a vraiment donné envie de voir les précédents : Roger and
I (1989) et The Big One (1997). Ce film est une véritable claque,
avec beaucoup d'humour : quelle audace, quel courage! Intelligent et drôle,
intéressant et dérangeant, Bowling For Columbine soulève de nombreuses
questions et fait craindre le pire pour notre avenir (si l'on constate
le traitement médiatique de nos banlieues...) Certains témoignages de
ce film font froid dans le dos : les américains possesseurs d'armes à
feu disent qu'ils doivent bien se défendre, eux et leur famille (et que,
oui, la police existe mais qu'elle n'est pas toujours là...). D'autres,
encore moins crédibles, disent qu'ils font juste valoir leur droit (le
2e amendement de la Constitution autorise la possession d'arme, alors
ils en ont une, c'est tout!). Le témoignage de Charlton Heston (aussi
président de la NRA) fait peur, lui aussi... La réponse à la question
posée est convaincante (pourquoi y a-t-il tant de tués par balle aux Etats-Unis
: plus de 11000 chaque année) et la manière d'y arriver l'est encore plus!
Le dessin animé qui résume l'histoire des Etats-Unis (c'est une sorte
d'historique de la paranoïa des américains) est vraiment drôle. De
plus, l'interview de Marylin Manson (qu'on avait tenu pour responsable
de la terrible tuerie de Littleton parce que des CD à lui avait été trouvé
chez les 2 ados) est très intéressante: ce dernier tient des propos d'une
rare intelligence (et sans langue de bois non plus)! Pour conclure, allez
voir ce film, qui est vraiment intéressant et frais, et pendant lequel
on ne s'ennuie pas une seconde!
Marion,
vu en 2002
3.
Après les excellents "Roger and I" et "The Big One", Michael Moore revient
avec sa verve, sa pugnacité et son humour ravageurs pour s'attaquer au
lobby des armes : pourquoi les américains défouraillent-ils à tout va
dans leurs villes et leurs campagnes ?
Là bas, pays le plus démocratique au monde, les flingues de concours et
les munitions s'achètent aussi facilement qu'un gallon de lait superprotéiné
aux ogm. Impossible pour un gamin d'aller boire une Budweiser sans avoir
plus de 21 piges au compteur, mais pour acquérir la puissance de feu d'un
croiseur, il suffit de prendre un caddy chez Wall Mart ou autre supermarché
local et de se servir dans les rayons.
Le film s'ouvre d'ailleurs avec une scène hilarante, ou michael se rend
à la banque pour ouvrir le compte qui donne droit à un cadeau de bienvenue
: un fusil !
Et notre pourfendeur des paradoxes américains s'en donne à coeur joie,
d'interviews, en questions qui roulent dans le goudron et les plumes les
défendeurs du libre commerce des armes : des miliciens rougeauds et ventripotents
qui sont convaincus d'être les défenseurs du peuple menacé par des malfaisants
(généralement noirs et mesurant autour de 1,80m). Comme le blanc a peur
de tout, il lui faut défendre sa famille et donc posséder son M16 sous
l'oreiller !
Alors pourquoi tant de morts par balles dans ce pays ? la faute aux médias
qui malgré la baisse des actes délictueux consacrent de plus en plus de
reportages à l'insécurité ? à cet esprit cow boy, on est pas un homme
si on ne possède pas son colt, donc le libre commerce et la détention
d'armes est un droit constitutionnel ? à cette peur viscérale des agressions
? aux politiques d'insertion sociales ineptes (voir sur ce dernier point
l'explication de Moore sur le triste record de Flint, sa ville natale
: le plus jeune meurtrier us a 6 ans !!!), aux politiques étrangères agressives
et incohérentes (qui sème le vent...)...
Michael Moore, casquette visé sur la tête se balade de banlieux chaudes
de Los Angeles à Litleton (tristement célèbre pour sa tuerie dans un lycée)
et cherche des explications...l'épilogue le ménera à Hollywood dans la
somptueuse villa de Charlton Heston (président de la NRA, National Rifle
Association), et comme le président de Nike dans "the big one", l'acteur
n'échappera pas au ridicule...
Marco,
vu en 2002
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