Lasses de travailler
dans un bar à strip-tease sordide, deux filles décident
d'user du sexe pour monter dans l'échelle sociale. Elles se font
recruter dans une grande entreprise, puis en séduisent les cadres.
Mais cette stratégie va se retourner contre elles, car le fils
du PDG de la dite société, poussant le cynisme et la perversion
à leur extrême, joue au même jeu qu'elles.
1.
Ca commence mal. Dans un décor sombre, une femme nue se trémousse
sur un lit de satin rouge, se lève tout en se caressant, descend
quelques marches puis achève de se masturber sur le plancher. Fantasme
à deux sous du réalisateur ? Erreur de bobine ? Alors qu'on
se dit qu'on est parti pour un film érotique à la fois bidon
et provocateur, la caméra se déplace lentement pour laisser
apparaître le public d'un bar qui regardait complaisamment le spectacle.
La scène, jusqu'ici muette, se sonorise peu à peu et la
réalité reprend ses droits, sordide. Ce passage de l'onirisme
vers le réel est assurément la scène la plus troublante
et la plus réussie du film.
Hélàs, Ces promesses s'avèrent déçues.
Brisseau, qui tient des propos très intéressants sur le
cinéma quand on l'écoute dans les débats ou les présentations
de film, a le tort, une fois derrière la caméra, d'appuyer
au marqueur rouge ses propos, que ce soit dans ses choix de mise en scène
comme dans le texte même des dialogues (et de la voix-off). Oui,
on ne cesse de nous ressasser qu'il s'agit bien de sexe, de jouissance
et de pouvoir, que les deux héroïnes vont tout faire pour
réussir avec une absence de scrupules déclarée :
la voix de la plus jeune nous explique en long et en large ce qu'elles
font, la caméra nous montre en large et en long ce qu'elles font
(d'où une multiplication des scènes de copulation).
Citant allègrement Kubrick et Eyes
Wide Shut, Brisseau souffre de la comparaison (surtout à la
fin), dévoilant tout son discours à l'avance. Du coup, les
scènes d'orgie finales font parfaitement cliché (genre porno
soft). Enfin, Brisseau tombe dans
son plus grand travers à mon avis : le symbolisme énooorme,
qui gâchait déjà le très beau De bruit et
de fureur). Le réalisateur nous assomme ici de clichés
et de signes lourdingues plaqués malhabilement (la silhouette noire,
l'aigle) et participant d'un fantastique pesant et inutile. C'est dommage,
car le propos était passionnant et les actrices plutôt efficaces.
Laurent
Goualle, vu à Pau (Méliès) en 2002
2.
"Choses Sécrètent" est un film qui commence dans
un bar de strip-tease branché. L'histoire : ces belles "strip-teaseuses",
ces commodités, ces choses, se rendent compte de leur pouvoir sexuel ;
refusant l'oppression, elles osent monter l'échelle sociale. (Le porno
et le marxisme ?). Au début, elles avancent à petits pas, c'est-à-dire
en se masturbant partout (au bureau, au métro, et oui, au dodo).
Jusque là je ne m'ennuyais pas : en effet, elles sont belles et impertinentes.
Puis elles se font embaucher dans une boîte bourgeoise près de
Montparnasse. Tous les gars du bureau remarquent leur présence, "mais,
beaux mecs, ne me touchez pas". Après tout, elles ne sont pas stupides
(enfin pas complètement) : elles ne s'intéressent qu'au patron.
Mais c'est le fils du patron qui représente l'intrigue inattendue et un
contrecoup du capitalisme. Comme il est beau et difficile à comprendre,
bien habillé dans son bureau énorme avec ses bibelots... intéressants
! Son passé est noir, voyez-vous : A neuf ans, quand sa mère est morte,
il a regardé le corps se décomposer pendant une semaine. Quel sauvage
! Un démon en somme. Pourtant, il demeure sur terre, sans pouvoir aimer
la vie sauf en jouant avec les vies des autres. Mais un jour, il joue
trop, et…(désolé, je ne veux rien gâcher) !
En gros, ce film c'est du trash. Néanmoins, pour être juste, je suis resté
jusqu'à la fin sans regarder l'heure. En accord avec mes principes, j'aurais
peut-être dû quitter le cinéma. Si seulement ces filles avaient été
moins belles, je serais parti, c'est sûr. Vous pouvez toujours essayer
le film, après que je vous aie prévenu que tous les acteurs et
toutes les actrices jouent mal. Les symboles sont trop évidents et artificiels
: par exemple : le spectre sexy et son vautour qui mange le cadavre de
notre vilain en costume rouge diabolique. Des symboles ridicules, des
personnages peu aimables peu crédibles, une mise en scène vraiment maladroite.
En gros, un mélange bizarre d'éléments. Pas d'unité ni de cohérence réelle
à part le fait que toutes les filles ont des corps d'anorexiques à la
Kate Moss. Le pire de la pornographie, pseudo-intello, un film qui fait
semblant de réfléchir pour les gens les plus superficiels "qui n'osent
pas" louer un porno. Je voudrais ajouter une dernière chose
: en accueillant ce genre de film, le Méliès**
encourage les gens qui disent du mal de cette salle et d'Arte pour son
pseudo-intellectualisme frustré. J'ai emmené ma copine au cinéma pour
le voir puis, après, il a fallu lui présenter mes excuses. Mais elle refuse
me parler, je me retrouve seul. Le film est à déconseiller,
en bref.
Andrew
F.
**NDWM
: Le seul cinéma d'art et essai de la ville de Pau
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