Ce film, qui
gonfle pour le grand écran le personnage de travesti algérien
"Chouchou" créé par Gad Elmaleh, est un énorme
et authentique fiasco. C'est dommage parce que j'aimais vraiment le
personnage dans le one-man show, mais selon moi il l'a totalement raté
dans le film.
Pourquoi échoue-t-il ? Peut-être à cause de la mise
en scène, des acteurs ou encore du scénario. Je ne pourrais
pas vous le dire car je ne fais pas partie de "l'industrie".
En revanche ce film est sans conteste un élément de cette
"industrie", produit à la chaîne pour le bas
peuple - visiblement les américains ne sont pas les seuls à
faire ça.
Tous les personnages dans ce film sont stéréotypés
et prévisibles. Alors que je me suis souvent esclaffé
en regardant le one-man show, je n'ai ri qu'une seule fois pendant tout
le film Chouchou : quand le portable fait vibrer la table dans
le restaurant... C'est la seule chose surprenante qui se produit ! Chouchou
est une sorte de Cage au folles ratée, et je n'ai pas
non plus particulièrement apprécié ce dernier film.
Se moque-t-il des arabes et des drag-queens ou veut-il les "glorifier"
habilement ? On ne sait pas. Est-il l'immigré de la cité
stéréotypé (avec survêtement Izod et nonchalance
provocatrice) ou la drag-queen évaporée, désinvolte
et parfois pleine de sagesse, venue de l'autre côté de
la Méditerranée ? Il n'arrive pas à choisir. Par
conséquent, ce qu'on obtient clairement, ce sont des vannes grandioses
sur les arabes et les gays, très "grand public", très
vulgaires, très stupides. Les personnages n'existent pas et ne
nous intéressent pas. Le film ne développe aucune intrigue
ni aucun protagoniste. A part nous décevoir, il ne fait pas grand
chose. Il reste confiné dans ses propres schémas, et nous
sommes dépités par un tel manque d'imagination. La même
mauvaise blague se répète pendant une heure et demi, et
à la fin ce n'est plus drôle du tout - si jamais ça
l'a été. Quel gaspillage de temps et d'argent ! Quelle
trahison ! Je suis désolé Gad. Je me sens coupable d'être
si dur avec Gad car auparavant je lui vouais une sorte de culte, allant
même jusqu'à le citer pour impressionner et faire rire
mes amis dans les cocktails. Maintenant je réalise que j'ai dû
passer pour le préposé aux mauvaises blagues.
Ah, Gad, jadis mon héros de la comédie française
contemporaine, je peux seulement me consoler en imaginant que ton agent
et les producteurs de ce film t'ont forcé à faire cette
espèce de monstre commercial de grossièreté et
de lâcheté, avant même que tu puisses lever le petit
doigt et lancer d'une petite voix : "Mais, euh.... une seconde.
Non, s'il vous plaît, stop."
Andrew
F.
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