Comme il vient
Film de Christophe Chiesa (22 ans)
Avec: Gaspard Manesse, Laurence Perrot, Sophie Group, Nina Group, Moussa Sanogo


1.
Allo ici Brigitte B.
PETIT PREAMBULE
Quelque que soit ma critique sur ce film, je tiens à signaler à chacun des lecteurs du site de Laurent que je trouve ABSOLUMENT génial qu'un réalisateur, petit français (apparemment timide ) de 22 ans : François G l'a rencontré lors d'un débat autour de son film, ait réussi à mener son projet à terme, alors que nous vivons une époque plutôt rude pour le cinéma français ( demandez à Canal + : pas de monnaie pour ces films là ). C'est déjà quelque chose qui fait chaud au cœur et j'en suis presque à remercier le magazine "Première" d'exister pour en avoir fait une critique : on ne sait plus que penser, n'est- ce pas ! ! ! Merci aussi à Télérama (qui souvent m'agace) d'avoir parlé de ce film.

Résumé : l'histoire se passe à Annemasse, ville d'enfance du réalisateur. Lou, Hugo, Julie sont de la même fratrie. Julie revient de New-York où elle a passé quelques années, elle vient avec sa fille encore bébé : Nina. Le père de l'enfant : Max est resté là-bas et travaille, semble-t-il dans le monde du spectacle. Il sera tout à fait absent, à l'exception d'un coup de téléphone. Lou travaille dans une bibliothèque, partage son appartement avec son frère, sa vie n'a rien de terrible : ni drames ni passions. Elle a une aventure qui semble sans lendemain avec Seydou, chanteur- danseur noir: ils se quittent sans larmes parce qu'il va tenter ses chances artistiques à Paris Hugo travaille dans une usine: il pose des pièces sur un tapis roulant, il semble passionné par son instrument de musique : le tuba mais, lorsque les copains ouvriers qui jouent dans son groupe de jazz décident de tout plaquer, il n'y a chez lui ni révolte, ni tristesse apparente : rien, il continue à jouer tout seul. Il semble avoir une aventure amoureuse avec une voisine mais cette aventure ne semble pas fondamentale. Quand Julie revient de New- York, rien de spécial ne se passe : elle est bien accueillie par Lou et Hugo qui la laissent squatter leur petit appartement avec le plus grand naturel, comme si, avec le retour de leur grande sœur, leur enfance avait fait réapparition.

Analyse personnelle : Je crois que ce film est autobiographique et je pense que le réalisateur fait vivre à ses différents personnages ce qu'il a vécu dans son enfance à Annemasse. Je suis Annemassienne et ma vision est peut-être subjective car je retrouve tout à fait l'ambiance générale de cette ville. Cependant je ne suis pas sûre que ce sentiment soit purement anecdotique.
On peut trouver le film ennuyeux : il me semble que c'est un film qui parle de vies ennuyeuses, avec quelques petits moments de bonheur, par exemple : les répétitions du groupe de jazz dans l'usine, la soirée au jazz -club, le moment des retrouvailles avec Julie. On peut se demander si le réalisateur ne nous montre pas que la vie est ainsi faite ? Télérama parle de "nostalgie" , c'est un peu ce que je ressens aussi.
Il y n'y a pas d'action, peu de dialogues, la musique est "in", il s'agit des morceaux de jazz que jouent Hugo et ses amis, ou bien ce que fredonne Seydou, pas de musique " off ", il est vrai que le réalisateur n'a pas envie de nous faire rêver (mais il ne disposait pas non plus d'un budget extraordinaire).
Ce film ne me laissera sans doute pas grande trace: je me suis ennuyée pendant la projection mais le problème réel n'est sans doute pas là: ce que soulève le réalisateur c'est peut-être que l'ennui fait aussi partie de notre vie et il n'est pas agréable de regarder cela en face: quels sont les moments de notre vie pendant lesquels nous sommes réellement "en vie", même nos vécus professionnels sont parfois sans âme, quelles sont les rencontres vraiment passionnantes que nous faisons , et quand c'est le cas, ne sont elles pas inscrites dans l'éphémère?
Il semblerait que C. Chiesa trouve cela normal et l'ait tout simplement condensé dans son film . Quelquefois, on a envie d'aller au cinéma pour se marrer, pour rêver, pour apprendre des choses : c'est exactement ce qu'il ne faut pas chercher dans ce film.

Vu à Annemasse en ciné club, 2002


2.
"Comme il vient" est un titre parfait pour ce long métrage. Les petites choses de la vie des personnages (je ne reprendrais pas le résumé parfaitement évoqué par BB) sont écrites avec délicatesse et avec la seule volonté de juste nous laisser apprécier ces petits riens qui composent la vie quotidienne. Les personnages sont" lisses", ne se chamaillent pas, vivent leurs aventures et leurs rencontres avec acceptation qui peut rimer parfois avec résignation. Ce film tourné à Annemasse est pour moi l'exact reflet que je pouvais me faire de cette commune: Une ville souvent en travaux, faite de "no man's land", de frontières intérieures que l'on devine au détour des maisons et où l'on ne manque pas de se perdre. C'est pour moi un film qui me laisse dans l'ennui, mais peut être est-cela qu'il faut parfois montrer parce que ces moments font aussi partie de nos vies. C'est pour moi l'intérêt du sujet, le réalisateur souhaite nous emmener dans ce quotidien qui est finalement notre richesse, prenons les choses et les aléas de la vie "comme elles viennent" et surtout éloignons-nous de tout désir d'accomplissement, de buts avoués, la vie n'a d'intérêt que si les choses sont vécues dans le présent. C'est du moins ce que le jeune réalisateur nous a confirmé lors de la présentation de son film.
Ce long métrage a un parfum autobiographique puisque C.Chiesa a lui-même vécu pendant 20 ans à Annemasse et a une sœur qui vit au Canada avec qui il est très lié. Hugo le personnage principal est un peu (beaucoup peut être) à son image. Passionné sans l'être. (CC avouera difficilement, lors des échanges, que sa passion pour le 7 ème art, est pour lui "une activité comme une autre"). Il faut, malgré les réserves que je pourrais faire sur ce film, saluer le courage et la pugnacité de ce jeune garçon pour avoir mené à bien ce projet, avec 35 000F (5335, 72€) de budget au départ le risque était grand qu'on ne lui accorde qu'une infime miette au sein des circuits de distributions. Résultat le film est sorti et a coûté 1,3MF (montage, mixage et copies) Bravo donc pour ce talent prometteur qui prépare une nouvelle réalisation autour du thème de l'instinct et l'amour maternel.

François G., Vu en ciné-club en 2002

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