Cowboy Bebop
Japon
1996
Réalisateur : Shinichirô Watanabe
Animation

 

 

Groovy baby
Série culte (24 épisodes diffusés) uniquement sur Canal + et le câble), cowboy bebop a été enfin adapté au cinéma pour le bonheur des sens. L'univers sonore est tout d'abord dans la lignée de la série : mélange de jazz, blues, ska, folk. La relation avec la musique est l'un des traits marquants de la série et le film y fait honneur : citons le thème du "quartier marocain" petit bijou sonore. La partition est grandiose, inclassable tant les influences sont diverses et parfaitement exploitées. Un conseil achetez là. L'ambiance graphique reste également la marque de fabrique de la série : à mi-chemin entre le manga pur et le comics américain. Ce film possède un style très original, un film métisse reprenant les canons de l'animation japonaise (les personnages féminins dont la divine Faye) et quelques effets très US (la démarche dégingandé de spike). Cowboy Bebop décrit surtout un space opéra mélangé avec une touche de Far west. Tout l'espace fonctionne dans ce chaos organisé où se mêlent communautarisme, sectarisme, capitalisme outrancier. L'atmosphère est limite hypnotique, à l'image des tribulations de nos personnages dans le quartier marocain : force tranquille, optimisme démesuré. Nos héros sont des chasseurs de prime qui par certains côtés ressemblent aux héros de Sergio Leone : antihéros absolus avec une moral en sommeil. Ce Space opéra chaotique nous entraîne dans une course poursuite avec un terroriste utilisant une arme biologique. Le thème est très surprenant par son actualité en symbiose presque avec le monde post-11 septembre. Le réalisateur joue avec finesse de son intrigue, égratignant au passage notre système politique capable d'engendre sa destruction. Le film évite surtout tout manichéisme primaire : héros ou victime, le terroriste agit tant par désespoir que par conviction. Malade de sa propre violence, il en est du même coup limité au point de rechercher la mort. A mi-chemin entre policier et science-fiction, grande réussite de l'animation, une grande aventure à consommer sans modération.

Hervé L., vu en 2003