Groovy baby
Série culte (24 épisodes diffusés) uniquement sur Canal + et le câble),
cowboy bebop a été enfin adapté au cinéma pour le bonheur des sens.
L'univers sonore est tout d'abord dans la lignée de la série : mélange
de jazz, blues, ska, folk. La relation avec la musique est l'un des
traits marquants de la série et le film y fait honneur : citons le thème
du "quartier marocain" petit bijou sonore. La partition est grandiose,
inclassable tant les influences sont diverses et parfaitement exploitées.
Un conseil achetez là. L'ambiance graphique reste également la marque
de fabrique de la série : à mi-chemin entre le manga pur et le comics
américain. Ce film possède un style très original, un film métisse reprenant
les canons de l'animation japonaise (les personnages féminins dont la
divine Faye) et quelques effets très US (la démarche dégingandé de spike).
Cowboy Bebop décrit surtout un space opéra mélangé avec une touche
de Far west. Tout l'espace fonctionne dans ce chaos organisé où se mêlent
communautarisme, sectarisme, capitalisme outrancier. L'atmosphère est
limite hypnotique, à l'image des tribulations de nos personnages dans
le quartier marocain : force tranquille, optimisme démesuré. Nos héros
sont des chasseurs de prime qui par certains côtés ressemblent aux héros
de Sergio Leone : antihéros absolus avec une moral en sommeil. Ce Space
opéra chaotique nous entraîne dans une course poursuite avec un terroriste
utilisant une arme biologique. Le thème est très surprenant par son
actualité en symbiose presque avec le monde post-11 septembre. Le réalisateur
joue avec finesse de son intrigue, égratignant au passage notre système
politique capable d'engendre sa destruction. Le film évite surtout tout
manichéisme primaire : héros ou victime, le terroriste agit tant par
désespoir que par conviction. Malade de sa propre violence, il en est
du même coup limité au point de rechercher la mort. A mi-chemin entre
policier et science-fiction, grande réussite de l'animation, une grande
aventure à consommer sans modération.
Hervé
L., vu en 2003
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