Le film
High Crimes (1) possédait a priori des éléments
susceptibles d'intéresser les amateurs de films judiciaires (j'en
fais bien évidemment partie). Centré autour d'un procès
militaire, il réunissait de très bons acteurs dans l'ensemble,
et son intrigue pouvait donner lieu à de belles empoignades de
prétoire... Hélas, il manque à peu près tous
ses objectifs : l'intrigue s'avère très vite ultra-prévisible
et sans aucune originalité (voir plus bas) ; le réalisateur
et le scénariste échouent à faire vivre leurs quatre
personnages principaux, trop superficiellement dépeints (2) ; enfin,
reproche principal : les scènes de procès, qui se trouvent
réduites à une portion congrue. Un gouffre sépare
ce film de celui de Rob Reiner, Des hommes d'honneur, à
qui l'on pense immédiatement (cour martiale, défense collégiale),
et où les joutes oratoires avaient la part belle, brillamment composées
et filmées dans un crescendo dramatique. Ici, on se sent vraiment
frustré, les débats sont très vite expédiés,
ce qui est un comble car ils partaient pour être au coeur du film.
Finissons quand même sur une bonne note : tout film judiciaire américain
qui se respecte contient au moins une formule sur la justice ou sur les
avocats. Dans celui-ci, c'est Morgan Freeman qui s'y colle : "La
justice militaire est à la justice ce que la musique militaire
est à la musique."
(1) Réalisé
par carl Franklin, réalisateur de One False Move, que je
n'ai pas vu mais qui a bonne réputation.
(2) Pourtant, l'idée de regrouper trois avocats pour former la
défense de l'accusé était excellente, car trop rarement
utilisée dans les drames judiciaires.
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Quelques
mots sur Ashley Judd
En complément de ma critique, j'évoquerai brièvement
le parcours de son interprète principale, Ashley Judd. Etrange
itinéraire que celui de cette actrice qui a commencé sa
carrière cinématographique par son meilleur film, Ruby
in Paradise (3), portrait de femme remarquable de Victor Nunez, cinéaste
indépendant. Une superbe actrice de cinéma était
née. Depuis, pas grand chose : jusqu'en 97, une rapide mais notable
d'apparition en junkie dans Smoke, et des rôles de potiche
dans Le droit de tuer ? et Heat. Ensuite cela s'améliore
un peu, même si les premiers rôles qu'on lui propose se fondent
en général dans des produits au scénario formaté,
pâles copies de succès précédents : ainsi Le
collectionneur de Gary Fleder (1997) utilise-t-il les recettes de
Seven ; Double Jeopardy celles du fugitif, Voyeur
est un remake de mortelle randonnée ; et le dernier en date,
Crimes et pouvoirs, est un mélange banal des hommes d'honneur,
d'autopsie d'un meurtre, de Témoin à charge,
de l'enfer du devoir,... du collectionneur(4) et de Double
jeu ! L'industrie du cinéma hollywoodien est passée
maître dans l'art du recyclage, et Miss Judd en fait les frais.
Elle a beau faire du karaté dans ses films, s'y faire démolir
le portrait, manquer de se noyer, se faire emprisonner pour meurtre, j'en
passe et des meilleures, rien n'y fait. Pas moyen de décrocher
un véritable rôle à la mesure de son talent (5). Trop
vieille ? Charlize Theron, qui lui ressemble beaucoup, avec quelques années
de moins, a su se voir offrir de très beaux personnages (dans The
Yards par exemple), et semble marcher sur les plates-bandes d'Ashley.
Dommage. On souhaite en tout cas à cette excellente actrice de
retrouver une place dans des projets plus ambitieux (le prochain Philip
Kaufman, peut-être ?)
Laurent
Goualle, vu en 2002
(3)
elle fait sa première (courte)apparition au grand écran
dans Kuffs, de Bruce Evans (1992)
(4) Crimes et pouvoirs réunit pour la seconde fois Ashley
Judd et Morgan Freeman, après le collectionneur. Admettons
que l'association fonctionne assez bien.
(5) Ajoutons,
la mort dans l'âme, à ce panorama un peu triste, sa collaboration
à une des comédies romantiques les plus désastreuses
tournées ces dernières années à Hollywood,
Someone Like You.
Lien
vers d'autres infos sur Ashey Judd (d'un intérêt variable)
sur imdb.com
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