Résumé
La
guerre civile en Espagne. Carlos, un jeune garçon dont le père
a été tué par les fachistes se voit confié
à un orphelinat tenu par une vieille unijambiste qui soutient la
cause des républicains en cachant de l'or destiné à
la cause antifranquiste. confronté d'abortd à l'hostilité
de ses nouveaux camarades. Carlos se rend vite compte que le fantôme
d'un ancien résident hante les lieux. Que veut-il ? Quels sont
les secrets que cache le jeune Jaime, qui lui est particulièrement
hostile ? quelles sont les motivations réelles de Jacinto, l'homme
à tout faire de l'orphelinat, qui se montre de plus en plus violent
?
Guillermo Del Toro, qui se fit
remarquer au Mexique par un film fantastique intitulé Cronos,
intéressante variation sur le thème du vampire, a ensuite
réalisé aux Etats-unis Mimic pour Miramax, et prépare
Blade II. L'Echine du diable est certainement son oeuvre la
plus ambitieuse à ce jour. Produite par les frères Almodovar,
elle est caractérisée par un scénario assez complexe,
mélangeant de nombreux personnages tous parfaitement définis
(sauf peut-être quelques enfants, qui auraient mérité
un peu plus d'attention). Mélangeant l'oeuvre politique et le genre
fantastique, Del Toro offre un film tout à fait singulier, qui ne
ressemble qu'à lui-même. Dans un constant recours au registre
symbolique (la bombe, le fantôme, Jacinto-le fascisme) il construit,
à travers les jeux de pouvoir, les frustrations et la condition des
orphelins, une allégorie très riche de l'Espagne dans sa lutte
contre le fascisme. Mélangeant les influences (Marisa Paredes semble
tout droit sortie d'un film de Bunuel ; les enfants ressemblent trait pour
trait à ceux de Paracuellos, la bande dessinée terrible
de Gimenez ; les traits du fantôme rappellent les films d'horreur
traditionnels), le réalisateur concocte une histoire tragique parsemée
de folie meurtrière, de cadavres, et de vengeance. Seul petit reproche
adressé à Del Toro, tout est peut-être trop léché,
la photo trop parfaite, l'esthétique du film trop présente
pour que l'on s'émeuve plus qu'il n'en faut du terrible
destin de ces personnages. Mais on
ne peut que saluer ce mélange fort réussi des thèmes
de l'enfance, de l'histoire et du fantastique.
Laurent
Goualle, vu en vo au cinéma Le Méliès à
Pau (2002)
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