Bonne nouvelle : Après
Mundo Grua, un autre film de Pablo Trapero
arrive sur les écrans français, avant-garde d'une nouvelle
génération de cinéastes argentins talentueux. Dans
El Bonaerense, il observe la vie d'un commissariat de police dans
un quartier de Buenos Aires, à travers l'itinéraire un personnage
naïf et novice, ancien serrurier-cambrioleur de province devenu flic
par hasard et par relations. Le jeune homme devient le témoin et
l'acteur de la corruption généralisée, des magouilles
en tous genre, des meurtres gratuits et de la violence. Cette très
grande liberté de ton, ce réalisme cru font de Trapero un
observateur passionnant de la vie quotidienne argentine, qui refuse toute
héroïsation de son personnage principal*
: ce dernier est balloté, pris dans un engrenage social implacable,
un mouvement incontrôlable qui le ramènera à son point
de départ. Sans jamais donner de leçons, et non sans une
grande sensibilité, Trapero nous offre le portrait noir d'une petite
cellule de la société, qui devient très vite révélatrice
de l'état de délabrement général du pays.
Laurent
G., vu en 2003 au Méliès à Pau
*Le
héros d'El Bonarense a beaucoup de points communs avec un autre
personnage de flic mémorable, celui interprété par
Treat Williams dans le film crépusculaire de Sidney Lumet, Le
Prince de New York.
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