Eternal Sunshine of the Spotless Mind
2004
Etats-Unis
Réal : Michel Gondry
Avec Jim Carrey, Elijah Wood, Kate Winslet, Kirsten Dunst et Tom Wilkinson
1H48

 

 

Ce film a été une surprise pour moi (quelqu'un se reconnaîtra parmi les familiers du site). Cet été, on me l'a recommandé et depuis je voulais le voir. Je ne savais pas à quoi m'attendre et pourtant je partais avec un préjugé positif. Le meilleur moyen pour être déçue ou du moins sortir avec moins d'enthousiasme que lorsqu'on est rentré. - Quatre lignes sans un mot sur le film de Gondry : parler du cinéma, serait-ce une occasion pour parler de soi ?- Derrière ce très beau titre, qui nous est heureusement parvenu en anglais, il y a l'histoire de Joel et Clementine qui s'aiment et se souviennent s'être aimés dans une chronologie et un espace complètement déstructurés, c'est donc une histoire d'amour et de mémoire ou plutôt de lutte contre l'oubli.
Pour oublier les complications de leur idylle passionnée, Clementine (Kate Winslet) demande les services d'un cabinet médical mystérieux qui pénètre la mémoire des gens et y efface des personnes ou des événements. Meurtri par cette décision et leur rupture, Joel (Jim Carrey), sans esprit vengeur, fait appel aux mêmes services, un docteur fait le diagnostic de ses souvenirs. Alors qu'il est endormi, une équipe s'immisce dans son appartement avant de commencer à effacer de sa mémoire tous les moments passés avec Clementine. Mais à mesure que les images, comme des diapositives lumineuses, s'enchaînent, Joel prend conscience de l'horreur d'une vie où il ne souviendrait plus d'elle. Il lutte alors dans un état semi conscient et cherche à entraîner la jeune femme dans des souvenirs où elle n'apparaissait pas et ainsi à brouiller les pistes…
C'est une course folle et douloureuse que Michel Gondry mène d'une façon très efficace. Les images sont ici des retours ou des créations dans l'imagination au sens propre, la photographie est éclatante et les couleurs surprenantes (notamment dans les cheveux de Clementine). Le réalisateur fait s'effondrer des murs, disparaître les traits des visages, on entend plus les bruits ou les voix qui symbolisaient un moment ; Clementine disparaît pour être retrouvée de justesse sous un drap ou sur une plage. Les souvenirs de Joel s'évanouissent et s'envolent dans l'urgence : l'urgence de remplir leur mission pour l'équipe des "oublieurs" et celle de s'enfuir et de se réveiller pour l' "oubliant" Joel et l' "oubliée" Clementine. La bande son (superbe Everybody's gotta learn sometimes par Beck) et le montage renforcent cette impression du spectateur. Les acteurs, aussi déjantés que le temps, sont dans cette urgence comme dans l'émotion très touchants. Jim Carrey semble sincère et fragile, Kate Winslet aussi colorée qu'angélique.
C'est un film poétique comme l'est son titre, bien plus réussi que l'affiche…
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Julie S., 2003

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