La guerre de Bush n'aura pas lieu
Voici un film très attendu, palme d'or à Cannes et violente diatribe anti
W Bush. Après l'excellent Bowling for colombine, M. Moore nous décrypte
les liaisons dangereuses de la famille Bush. 1ere constatation : la durée
du film 1 heure 30 limite déjà toute la portée du discours. Le film part
fort : dès l'entame Moore évoque avec le son sans l'image le drame du
11 septembre. Beaucoup de pudeur pour dépasser l'émotion. Le film s'articule
autour de 4 thèmes. L'arrivée de Bush au pouvoir ou le naufrage de
la démocratie. Moore révèle la plus grande manipulation depuis l'élection
de JFK sans complaisance en montrant bien les intentions cachées : un
véritable projet dictatorial qui utilise, récupère le 11/9. Les attentats
sont présentés non comme la cause de la politique actuelle des Bush mais
comme l'occasion qui a permis de dévoiler au grand jour ces projets. Les
liens claniques Bush-USA-Arabie Saoudite sont parfaitement démontés
: attitude quasi mafieuse, dilemme et intérêts pétroliers rythment une
première partie de film très réfléchie et documentée. La guerre d'Irak
ensuite n'est ni déifiée ni vilipendée. Très courageusement Moore présente
le pays avant la guerre, une dictature certes mais un pays moderne, stable
et laïc. Il donne la parole aux soldats autant victimes que les irakiens
d'une guerre qu'ils ne comprennent pas. Sensation énorme que ces témoignages
de soldats triomphants, arrogants au début de la guerre puis apeurés,
désabusés. Moore s'attarde longuement sur l'identité de ces recrues, des
gamins des ghettos dont l'unique chance d'étude passe par le service.
Les familles tiennent une place prépondérante : tout le talent de Moore
est d'en suivre une, militariste, patriote et a priori favorable à l'action
du président. Nous découvrons une population américaine dépassée, ignorante
et d'un naïveté touchante. Le reste est un exercice de style délicat
: un documentaire rapide monté à la manière CNN tirant à boulets rouge
sur Bush. Le réalisateur dit beaucoup de choses très vite, l'image nous
emporte court-circuitant notre réflexion. Moore nous plonge au cœur de
la manipulation utilisant les mêmes armes que ses adversaires. Le documentaire
prend dès lors une nouvelle dimension : au reportage s'ajoute une mise
en garde sur le pouvoir de l'image. Au final un film courageux, ambitieux,
génial qui pêche peut-être par sa vitesse et le mélange des genres. En
tout cas un documentaire qui nous secoue.
Hervé,
vu en 2002
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