Le Fils
France
1h43
Réalisation et scénario : Jean-Pierre et Luc Dardenne
Image : Alain Marcoen
Décors : Igor Gabriel
Montage : Marie-Hélène Dozo
Avec : Olivier Gourmet (Olivier), Morgan Marinne (Francis), Isabella Soupart (Magali), Rémy Renaud (Philippo), Nassim Hassaïni (Omar), Kevin Leroy (Raoul), Félicien Pitsaer (Steve), Annette Closset (la directrice du centre).
Prod. : Les films du fleuve et Archipel 35
Distr. : Diaphana


autre film des frères dardenne sur le forum : La Promesse

 


1.
Deux choses très déplaisantes à propos de ce film : Y en marre des critiques qui ne peuvent s'empêcher de raconter les histoires, laissons les spectateurs découvrir comme des grands le travail des scénaristes (vous me direz "ne lis pas les critiques").
Et y en marre des soit-disants principes dogmatiques, je veux évoquer ici cette mode de la caméra à l'épaule (à réserver aux reporters de la route du Rhum), mais tellement exaspérante au vrai cinéma. Filmer pendant 2 heures la nuque, les points noirs et le kyste à l'oreille droite de Gourmet, avec une profondeur de champ de moins de 20 cm, et des mouvements de caméra dignes du beau père parkinsonien qui sort sa vidéo à Noël est profondément vomitif.

Pourtant quelle belle histoire et quelles qualités d'acteurs, dans la lignée d'un fameux film de Sean Penn sur le thème du pardon...* Il faut se cotiser pour envoyer Sarkozy voir cela.

Marco, vu à Lyon en 2002

PS : Un film pour lequel il n'y aura pas d'excellente analyse musicale par Brigitte !!!
*Crossing Guard


2.
La critique de Marco m'inspire à son tour deux réactions.
D'abord, entièrement d'accord : ce fils doit être découvert "brut", sans rien connaître de l'histoire. C'est presque indispensable pour que l'émotion nous submerge, même si la révélation principale arrive assez vite.
Ensuite, je ne suis pas d'accord sur la question de la caméra et de son mouvement. C'est faire injure aux frères Dardenne que de leur dire qu'ils participent d'une quelconque "mode" cinématographique. Depuis La Promesse, ils ont toujours filmé de cette manière, sans jamais sacrifier à de quelconques chichis esthétiques. Leur but est de coller aux basques des personnages pour nous faire partager leur urgence, leur instabilité et les failles qu'ils dissimulent. C'est dans Rosetta que cette façon de filmer trouvait sa plus grande force à mon avis. Il y a dans cette mise en scène "de harcèlement" une grande violence, mais celle-ci est toujours en adéquation avec le sujet. Bon, il est vrai qu'après un bon repas, Une séance du Fils peut rendre la digestion difficile.
Récapitulons donc : à voir vierge et à jeun.

Laurent Goualle, vu à Pau en 2002


3.
Je suppose qu'il n'y a pas de musique (ou très peu) dans "Le fils" des frères Dardenne ? Cependant, dans le film "La Promesse", (des mêmes protagonistes) il y a beaucoup à dire sur la quasi-inexistence de musique, l'absence mérite justement qu'on s'y attarde. Mozart nous a déjà dit : "le silence est de la musique" Si Marco le souhaite, je peux faire une analyse (de mémoire) du monde sonore de "La promesse" : une position sonore particulière et très intéressante des réalisateurs. Ceci dit, je n'ai pas vu " Le fils " … Marco a tout de même raison !

Brigitte Boëdec