1.
Deux choses très déplaisantes à propos de ce film : Y en marre des critiques
qui ne peuvent s'empêcher de raconter les histoires, laissons les spectateurs
découvrir comme des grands le travail des scénaristes (vous me direz
"ne lis pas les critiques").
Et y en marre des soit-disants principes dogmatiques, je veux évoquer
ici cette mode de la caméra à l'épaule (à réserver aux reporters de
la route du Rhum), mais tellement exaspérante au vrai cinéma. Filmer
pendant 2 heures la nuque, les points noirs et le kyste à l'oreille
droite de Gourmet, avec une profondeur de champ de moins de 20 cm, et
des mouvements de caméra dignes du beau père parkinsonien qui sort sa
vidéo à Noël est profondément vomitif.
Pourtant quelle belle histoire et quelles qualités d'acteurs, dans la
lignée d'un fameux film de Sean Penn sur le thème du pardon...*
Il faut se cotiser pour envoyer Sarkozy voir cela.
Marco,
vu à Lyon en 2002
PS : Un film pour
lequel il n'y aura pas d'excellente analyse musicale par Brigitte !!!
*Crossing Guard
2.
La critique de Marco m'inspire à son tour deux réactions.
D'abord, entièrement d'accord : ce fils doit être découvert
"brut", sans rien connaître de l'histoire. C'est presque
indispensable pour que l'émotion nous submerge, même si
la révélation principale arrive assez vite.
Ensuite, je ne suis pas d'accord sur la question de la caméra
et de son mouvement. C'est faire injure aux frères Dardenne que
de leur dire qu'ils participent d'une quelconque "mode" cinématographique.
Depuis La Promesse, ils ont toujours filmé de cette manière,
sans jamais sacrifier à de quelconques chichis esthétiques.
Leur but est de coller aux basques des personnages pour nous faire partager
leur urgence, leur instabilité et les failles qu'ils dissimulent.
C'est dans Rosetta que cette façon de filmer trouvait
sa plus grande force à mon avis. Il y a dans cette mise en scène
"de harcèlement" une grande violence, mais celle-ci
est toujours en adéquation avec le sujet. Bon, il est vrai qu'après
un bon repas, Une séance du Fils peut rendre la digestion
difficile.
Récapitulons donc
: à voir vierge et à jeun.
Laurent
Goualle, vu à Pau en 2002
3.
Je suppose qu'il n'y a pas de musique (ou très peu) dans "Le fils" des
frères Dardenne ? Cependant, dans le film "La Promesse", (des mêmes
protagonistes) il y a beaucoup à dire sur la quasi-inexistence de musique,
l'absence mérite justement qu'on s'y attarde. Mozart nous a déjà dit
: "le silence est de la musique" Si Marco le souhaite, je peux faire
une analyse (de mémoire) du monde sonore de "La promesse" : une position
sonore particulière et très intéressante des réalisateurs. Ceci dit,
je n'ai pas vu " Le fils " … Marco a tout de même raison !
Brigitte
Boëdec
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