Gettysburg |
![]() |
Projet énorme,
cette reconstitution de la plus célèbre des batailles de
la guerre de Sécession mit 15 ans à voir le jour ! Pour
les amateurs d'histoire américaine, c'est une véritable
aubaine, car elle nous transpose avec une grande précision sur
les lieux de la bataille, décortiquant chaque mouvement de troupes
(mais pas tous), examinant les tactiques respectives des généraux.
C'est très long (plus de 4 heures), parfois assez ennuyeux, mais,
si l'on suit le film la carte des lieux dans une main et un bouquin d'histoire
dans l'autre, l'exercice est très stimulant et enrichissant. En
revanche, sur le plan du plaisir cinématographique, on a de quoi
être frustré. Maxwell choisit
hélas, l'option de "tout" montrer. On a l'impression
de lire un livre d'histoire avec de belles images en mouvement. Dès
lors qu'il choisit l'option de la "grosse" mise en scène,
avec force mouvements de troupes, cannonades à répétition,
plans larges du champ de bataille, il reste à la surface, échoue
à nous faire partager le destin des tous ces hommes. Il en oublie
l'aspect "boucherie" que fut cette bataille. Les soldats qui
tombent ne sont pour le spectateur que de simples pions. Trop loin de
l'action, Maxwell échoue le plus souvent à les rendre humains
(contrairement à The Red Badge of Courage, de Huston). Par ailleurs, Maxwell
use et abuse de la musique off (merci BB), déclinant à n'en
plus finir Dixie et The Battle Hymn of The Republic. Il
semble par là nous répéter sans cesse que Gettysburg
décida du sort de la nation américaine, que c'est une bataille
symbole, fratricide, presque "sacrée", chose que le spectateur
moyen est capable de comprendre sans que cela soit souligné par
les "sanglots longs des violons". Là encore, cela s'inscrit
dans la stratégie de l'élève appliqué : tout
est conforme aux canons historiques du moment. En bref, Maxwell se contente de mettre en scène les pages d'un livre fort édifiant, mais la plupart du temps, sans âme : or un tel film ne fait pas avancer l'histoire : il la fige.
PS. Deux détails
: - Une dernière observation, qui nous rappelle que tout cela n'est que du cinéma : les barbes postiches des acteurs, assez mal collées (Tom Berenger semble tout droit sorti d'un magasin de farces et attrapes), échouent (et c'est bien dommage) à nous persuader qu'à l'époque, la plupart des généraux se distinguaient par l'abondance de leur système pileux. L.G., vu en vidéo, en 2001 |