Ghosts of Mars
2001
Etats-Unis
Réal. : John Carpenter
Avec : Ice Cube, Natasha Henstridge

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On ne le dira jamais assez : John Carpenter est un cinéaste passionnant. Souvent sous-estimé parce qu'il a choisi l'univers de la série B pour exprimer son talent, ce réalisateur aguerri, admirateur inconditionnel de Howard Hawks, a signé des films remarquables (Halloween, The Thing, Fog), d'excellents films de distraction (Les mémoires d'un homme invisible), d'autres qui ont un peu vieilli (New york 1997) et même ses créations les plus mineures contiennent des double-sens passionnants à décrypter. On pensait que, malade, il avait signé son testament dans Los Angeles 2013, et réalisé son dernier film avec Vampires. Eh bien non, Carpenter renaît de ses cendres et signe une nouvelle série B d'excellente facture : Ghosts of Mars. L'action se situe dans le futur incertain d'une société matriarcale (Carpenter ne s'étend pas sur le sujet) : une escouade policière chargée de rapatrier un prisonnier très dangereux (Ice Cube) se retrouve coincée dans une colonie aux tréfonds de la planète Mars (le seul accès est une voie ferroviaire). Tous les colons de la base semblent avoir été décimés par une bande de fous sanguinaires. Rien de bien original, à première vue.
La patte de Carpenter se remarque à plusieurs niveaux : dans la structure de l'intrigue et le recours systématique au flashback, qui ramène le film à un grand puzzle que l'on décrypte peu à peu, ce qui est plutôt jouissif pour le spectateur. Le réalisateur s'amuse et se fait à l'évidence plaisir en jouant avec tout ce qu'il aime : la science-fiction, la bagarre, et Howard Hawks : Ghosts of Mars reprend en effet des éléments de The Thing* (la paranoïa), le huis-clos d'Assaut (son premier film, remake trash de Rio Bravo), et se place dans la continuité des oeuvres-hommages au "maître".

Enfin, Carpenter intègre sans vergogne des éléments de série Z, avec des effets gore appuyés, fusillades interminables, et des personnages de méchants sado-masochistes qu'on aurait tort de prendre au sérieux. la sympathie de Carpenter va elle tout naturellement au hors-la loi et à la flic droguée (l'excellente et sculpturale Natasha Henstridge). Il se débarrasse sans hésiter de tous les autres personnages, qu'ils aient entretemps gagné notre sympathie ou pas.
Bref, ce qui, entre les mains d'un tâcheron hollywoodien, aurait immanquablement sombré dans l'ennui et la débilité la plus totale (on se souvient du récent et calamiteux Planète rouge), se transforme entre les mains de Carpenter, en une série B imaginative, stimulante et drôle, à l'image de la fin, hommage définitif à son genre favori.

Laurent G., vu en 2001
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*remake de La chose d'un autre monde, de...Howard Hawks