Ghost World
Etats-Unis
Réal. : Terry Zwigoff
Scén. : Daniel Clowes
Avec : Thora Birch, Scarlett Johansson, Steve Buscemi, Brad Renfro, Illeana Douglas, Bob Balaban, Teri Garr, Stacey Travis, Ashley Peldon, Sid Hillman, Daniel Graves
1h51

accentuate the negative.

 

Le film s'ouvre sur la cérémonie de remise des diplômes d'une high school américaine. Enid et rebecca quittent soulagées l'univers du lycée et portent un regard tour à tour impitoyable, nostalgique, cruel et drôle sur la société américaine et les dégénérés qui la composent...

Déjà remarqué pour son documentaire sur Crumb, Terry Zwigoff reste dans le domaine de la bande dessinée en réalisant ce Ghost World adapté de l'ouvrage de Daniel Clowes, qui signe aussi le scénario.
Cette remarquable chronique post-adolescente prend d'abord la forme trompeuse d'une succession de scénettes plus ou moins gaguesques, mettant en scène des personnages plus décalés ou déjantés les uns que les autres (mention au moustachu du drugstore, expert en nunchaku).
Trompeuse, car peu à peu, un vrai lien s'installe,
un véritable rythme s'instaure qui passe par le regard d'Enid (Thora Birch), à la fois percutant dans sa critique incessante du monde qui l'entoure, cruel vis-à-vis des paumés qu'il croise, et profondément touchant dans le désarroi progressif qu'il laisse transparaître. Lucide mais aussi profondément contradictoire, Enid erre dans une société où elle ne trouvera jamais sa place, et son personnage acquiert progressivement une réelle et très belle complexité.
A ce point de vue il est dommage que Rebecca soit un peu mise de côté. A la fois proche d'Enid par ses désillusions et un peu plus réaliste, elle reste néanmoins en marge du scénario. Zwigloff et Clowes se focalisent sur la relation Enid/Seymour (Steve Buscemi),tout aussi passionnante dans ce qu'elle a d'incongru, de tendre, de maladroit.
Le film s'achève sur la fuite d'Enid loin de ce pays de fantômes, vers une destination tout aussi mystérieuse, dans un bus qui n'existe peut-être pas.

Ne manquez pas ce film décalé à l'esthétique très "sixties", souvent hilarant, mais aussi très émouvant, dont le souvenir ne s'évanouit pas si facilement.

Laurent Goualle, vu à Lyon en 2002

PS. Si vous allez voir ce film, ayez la patience de rester jusqu'à la toute fin du générique, car une surprise très drôle vous attend.

 

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