Gosford Park

Réal. : Robert Altman
2002
Avec: Ryan Philippe, Emily Watson, Maggie Smith
Kristin Scott Thomas, Helen Mirren, etc...

voir aussi :

Gosford Park et la critique

Renoir-Altman

 


Résumé

Une partie de chasse dans la propriété de Sir William, un meurtre et une enquête policière ne sont finalement que des prétextes pour une analyse sans concession de mondes et de cultures qui se croisent et cohabitent : l'aristocratie, la domesticité et la bourgeoisie anglaises, mais aussi un mode de vie américain.

Analyse:

Les clins d'oeil sont nombreux (Renoir, A.Christie, J. Ivory) mais toute la subtilité d'Altman est d'avoir réalisé un film dans lequel les personnages sont si nombreux que le spectateur s'y perd… sans pour autant perdre l'essentiel : une peinture précise de mondes qui se détestent mais qui ont besoin les uns des autres.

Des aristocrates sans le sous, font des mésalliances avec des bourgeois pour leur argent…et se font rouler dans la farine. Description caustique de ce monde qui vit dans la tromperie sous toutes ses facettes, le persiflage et l'oisiveté : cette aristocratie finissante ne sait rien faire et ne veut rien faire, ( en tête du palmarès : la comtesse de Trentham remarquablement campée par Maggie Smith)

Un monde est donné en pâture : celui des bourgeois(fortunés ou non…) quelques remarques assassines et le personnage de Mabel suffisent à nous en laisser un parfum pour le moins saumâtre.

Le monde des domestiques est celui à qui Altman a choisi de donner le plus de relief et c'est un monde de paradoxes.

A l'étage des valets et des bonnes, il y a des règles.

Ils s'identifient à leurs maîtres, peut-être, mais il ne faut surtout pas se leurrer: ils travaillent mais ils sont aussi les seuls à savoir réellement s'amuser et ils ne manquent pas de le faire (scène du tour de chant de Novello) ils font des choix dans ce qu'ils racontent… à leurs maîtres, derrière les apparences, il existe une réelle solidarité entre eux, malheur à celui qui ne respecte pas les règles : le jeune américain en fera les frais et surtout: il y a l'assassinat en duo.

Il est évident que l'enquête policière n'est pas le sujet du film, elle est prétexte à dévoiler quelque chose que nous devinons petit à petit: cette partie de chasse est une métaphore,il y avait du gibier dans les salons mais, qui était le véritable chasseur ?

Vu à Lyon en 2002 Brigitte. B


A propos du DVD de " Gosford Park " de Robert Altman
Dans la revue " Positif " d'avril 2003, ( rubrique nos DVD du mois) Christian Viviani propose une critique avec laquelle je suis globalement d'accord :
Trois disques d'intérêt inégal (les 52 minutes du disque, traitant de la carrière du réalisateur, ne sont effectivement guère passionnantes)
Les commentaires du réalisateur sur son film permettent d'entrer dans son monde par une nouvelle porte, (idem pour l'interview de Maggie Smith) des passages intéressants qui montrent un envers du décor auquel il était impossible de penser.
La lecture du DVD m'a, en outre, permis de comprendre pourquoi le monde sonore de ce film ne m'avait laissé aucun souvenir : la musique n'y occupe pas une place choyée. J'oscille entre agacement et indifférence. Le film m'a plu, je fais donc le choix de l'indifférence sonore. Ce film méritait un DVD ( ne serait ce que pour mémoriser les personnages, les situations et pour s'y retrouver dans l'intrigue policière)
C. Viviani a oublié de signaler qu'il est difficile d'accepter les innombrables fautes de grammaire dans la traduction française sous-titrée : elles donnent au "produit" une odeur de parfum qui a mal tourné et une impression de "vite fait, mal fait".
A titre de comparaison ( mais la comparaison est elle possible ?) le DVD Tolkien est nettement plus soigné.

Brigitte Boëdec Avril 2003.