Histoire de fantômes chinois I, II et III
Réalisation : 1989-1993
De : Ching Siu Tung
Avec : Tony Leung, Leslie Cheung, Joey Wong

 

Claque made in Hong Kong
Série datée, Histoire de fantômes chinois n'en reste pas moins une expérience visuelle unique produite par le surdoué Tsui Hark. Digne du Zu du maître Tsui, Histoire de fantômes a marqué l'entrée fracassante du cinéma asiatique dans l'univers occidental. Retour sur l'alchimie d'une bombe. Le 1er opus a pas mal vieilli au niveau des trucages (digne de Brain Dead). Pourtant il fascine par sa conception chinoise. Romance mêlée de magie et de fantastique, le film raconte l'amour impossible entre Lin Tchiao Sin, jeune scribe et une princesse fantôme qu'il cherche à tout prix à ramener. Les deux acteurs sont très touchants. La naïveté de Lin personnifiée magistralement par Leslie Cheung tranche avec la beauté fataliste de Joey Wong. Bien avant que le monde s'extasie devant Zhang Ziyi, Joey Wong hypnotisait les foules et rappelait toute la magie de l'Orient. Leur idylle est au cœur du premier volet teinté de cet humour "chinois" qui à la fois brise le rythme et renforce les sentiments. L'esthétique de la photographie insiste sur la passion folle et sans espoir entre ce deux grand naïfs. Mais point de mièvrerie à l'américaine, le réalisateur à l'image de The Lovers ne se prive d'insuffler une touche de parodie/comédie à chaque scène romantique. Et comme ses acteurs ne sont pas les 1er venus, le résultat est grandiose. D'autant que son histoire se pare de fantastique et de fantômes. Les moyens sont limités mais exploités à merveille : le mise en scène est à la fois très esthétique, efficace grâce à une utilisation judicieuse de la lumière et des décors. Et pour couronner le tout, le film met en scène le personnage culte de la série : le vieux moine chinois Yin aux pouvoirs importants (repris par Tarantino dans Kill Bill volume II) pourfendeur de démons et gaffeur.

Le 2è opus repend les ingrédients (amour/surnature/comédie) du 1er en plus spectaculaire en plus jubilatoire. C'est à mon avis le plus abouti des 3. Le romantisme moins présent laisse la place à une débauche de scènes d'actions. Le cadrage est parfait, la caméra nerveuse, les effets assez jolis malgré les années. Le moine est au summum de sa forme, il pousse des " poyé polomi " à tout bout de champs, fracasse des montagnes, plane sur des sabres volants ; le chevalier pourfendeur de démons affronte un bouddha géant maléfique, traverse le sol, enflamme le soutras ou fait exploser la moitié d'une forêt. Les démons se multiplient, volent de branches en branches ou s'incarnent dans un palais gigantesque. Les affrontements sont dignes des meilleurs films d'épée. Ajoutons que la note d'humour est toujours au rendez-vous : quiproquos amoureux, erreur sur la personne (le scribe devenu leader de rébellion), formule magique mal écrite, scènes fantastiques pas très ragoûtantes mais jubilatoires (le restaurant cannibale clin d'œil à Tsui Hark, le baiser enflammé du moine à la femme envoûtée !!!). Le tout servi par un casting étoffé et de haute volée. : Michelle Reis en sœur de Joey Wong, c'est du lourd. Difficile de ne pas succomber à la vague de folie.

Le 3è opus n'égale pas le précédent. Il reprend les ingrédients de la série : action débordante, mage volant, fantôme omniprésent. Le scribe est cette fois devenue moine d'où quelques grands moments de frivolité quand surgit la fantôme. Petit plus de cette opus : l'érotisme. Joey Wong est tout simplement ensorcelante dans son drapé rouge : la toute première scène du film (le bain des démons) est à classer. Le tout reste agréable d'excellente facture. Sans être l'épisode phare il clôt avec qualité une série monstrueuse.

Hervé L.

 

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