Huit femmes
2001
France
Réal. : François Ozon
Scén. et dialogues : François Ozon, Marina de Van, d'après la pièce de Robert Thomas
Avec : Isabelle Huppert, Catherine Deneuve, Fanny Ardant, Virginie Ledoyen, Emmanuelle Béart, Firmine Richard, Ludivine Sagner...

 

1.
Un film qui a fait couler beaucoup d'encre avant sa sortie, en raison de l'incroyable brochette d'actrices qu'il réunit. Huit femmes ressemble comme deux gouttes d'eau (sur pierres brûlantes) à une "soirée enquête" (pour les initiés)dans laquelle se serait glissée une caméra. Peu à peu les indices s'accumulent, chaque personnage dévoile peu à peu sa vraie personnalité et ce qu'il dissimule. Cela fonctionne parce qu'Ozon nous dévoile d'entrée tous les artifices : tout est exagéré : le décor, tout droit sorti d'au théâtre ce soir ; les couleurs d'un kitsch assez réjouissant ; l'intrigue très cluedo, (il s'agit d'une pièce de théâtre de boulevard), la mise en scène parsemée de clins d'oeil cinématographiques (Gilda, Laura, On connaît la chanson...) ; il ne faut pas donc prendre toutes ces péripéties au sérieux (une vraie soirée enquête, quoi ! ). Les dialogues parfois très poilants sont au service d'une interprétation évidemment savoureuse (mes préférées : Isabelle Huppert totalement déjantée, Danielle Darrieux et Fanny Ardant). Tout est pafaitement préparé pour le numéro d'actrices, avec en plus, un petit grain de folie parfois subversive (aah, le sort réservé à Danielle Darrieux au milieu du film...). On n'a plus qu'à se laisser agréablement mener au bout de cette entreprise fort réjouissante.

Laurent G., vu au Méliès à Pau en 2002

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2.
Je ne suis pas une trés grande cinéphile et je ne vais pas souvent au cinéma, faute de temps et aussi de moyens, cependant je me faisais une joie d'aller découvrir le film " 8 femmes" que la critique encensait. Difficile d'exprimer mon sentiment à la sortie de cette séance tant il va à l'encontre de ce que j'ai pu lire. A aucun moment je n'ai réussi à entrer dans ce film : l'impression que les actrices jouaient chacune leur role sans qu'aucune connivence ni unité n'apparaisse. Ne parlons pas des chansons qui débarquent comme un cheveu sur la soupe et qui m'ont fait penser au trés beau film (on connait la chanson), le rapprochement s'arrêtant là. Bref déçue en tout point, la semaine prochaine je tenterai une nouvelle fois l'expérience, en attendant je me console avec le petit écran et les films d' Hitchcock que nous gratifie Arte.

Claire P., vu en 2002.


3.
Vachement bien surtout isabelle Huppert qui est très marrante et dans un rôle un peu inhabituel. Il y a un mélange de "on connaît la chanson" et de "mort sur le Nil", une mayonnaise qui prend bien, à la fin de la séance le public a applaudi le film ...(peut-être en route pour les césars)

Damien H., vu en 2002


4.
Voici un film que j'ai vu alors que je n'en avais pas la moindre envie : la critique de Caire P. et sa préférence pour le cycle Hitchcock m'allait comme un gant.

Mais la vie est ainsi faite : des amis m'y ont entraînée "manu militari " : pour mon bien ont-ils dit!!!

Je me suis donc retrouvée …"pour leur faire plaisir" , car ces amis sont vraiment gentils … comme une zombie, dans une de ces salles Gaumont à dimension inhumaine que je déteste , dans l'unique attente que le film ne se termine pour rentrer enfin chez moi (où l'analyse de la musique des tueurs dans "la mort aux trousses" est en chantier et c'était ça qui me trottait dans la tête) .Voyageant sur ces pensées j'ai même eu le droit à la pub Nescafé pendant au moins 20 minutes ! ! !….

Je suis comme Claire P : dès la 1ère chanson j'ai eu envie de casser mon fauteuil de rage, de désespoir , d'impuissance devant un navet : en PLUS j'étais tombée sur une fausse comédie musicale! ! ! ! Cette 1ère chanson tombait vraiment " comme un cheveu sur la soupe" (Claire.P a raison)

Je n'avais guère de choix : Gaumont est à 15 km de chez moi, en pleine nuit, la voiture était celle des copains , j'avais plusieurs choix : rester et attendre la fin du film, dormir sur mon siège ou aller boire un coup au bar en attendant les copains

Ehéhéh : surprise , le film a éveillé toute mon attention malgré toutes ces conditions détestables .

Je l'ai même beaucoup aimé: j'ai fini par me trouver à l'aise dans ce décor si lisse (en tous cas très choyé) que le réalisateur nous a donné à voir :

Certaines images sont de véritables peintures (j'ai raté probablement des moments rares à cause de ma mauvaise humeur en début de film mais j'ai encore en mémoire quelques exemples fabuleux : derrière la fenêtre ovale, le visage des 2 sœurs, l'harmonies des couleurs de la moquette et celle des robes de Fanny Ardant se vautrant sur Catherine… )

Mais il y en a tant d'autres exemples : le choix des chaussures , les bijoux portés ou non par les unes et les autres, les vêtements qui n'ont véritablement aucune époque tout en donnant l'impression d'en avoir une , les porte –cigares: nacré pour l'une ,noir avec une bande rouge pour l'autre, la voiture à demi enfouie sous la neige(ce qui empêche le spectateur moyen que je suis ,de savoir à quelle époque se situe réellement l'intrigue …)

Peut-on reprocher à un réalisateur de ne pas bâcler les détails et de faire en sorte qu'on ne s'y retrouve pas ??

Laurent a raison: le décor est tout droit sorti du théâtre … et alors ? où est le problème? Il n'y a pas que le décor d'ailleurs : il y a aussi l'unité de lieu et de temps qui viennent directement du théâtre , me semble-t-il .

Ne retrouvons nous pas cette similitude dans d'autres films qui sont excellents : " Le Paltoquet" ," Un Air de Famille" pour ne citer qu'un film ancien et un , plus récent, il ne me semble pas que ce soit un indice négatif pour un film .

Laurent nous dit qu 'Ozon nous dévoile d'emblée tous les artifices : je ne suis vraiment pas douée : je n 'ai rien vu venir ( tant mieux pour moi , ma naïveté me permet d'avoir des moments de bonheur)

Il est vrai que tout est exagéré , mais c'est un procédé d'écriture …. On le trouve d'une certaine manière chez Molière, qui sans cesse pose ce qu'on appelle des " jalons" or c'est un reproche qui ne lui a jamais été fait, me semble-t-il ! éh bien ! c'est quelque chose qui m'a beaucoup plu (oh ! ! pas tout de suite: ça m'a bien agacée au début mais je ne suis pas une véritable cinéphile). Bref, j'ai passé ma soirée à écarquiller mes yeux et ma cervelle.

C'est un polard et, au fil de l'intrigue , je me voyais dans quelque chose d'aussi excitant que les " 10 petits nègres" avec une dimension supplémentaire ,comme le dit Laurent et qui est la suivante: c'est "poilant" .

Mais ce film est autre chose qu'un polard poilant : c'est aussi un lieu de rencontres douloureuses, tendres et réalistes.

A) Les scènes de crépage de chignon entre femmes :

Curieusement je ne les ai pas vécues comme une critique facile de l'hystérie habituellement accordée aux femmes (je ne suis ni féministe ni anti- féministe ) , mais comme une manière de montrer des relations difficiles entre sœurs, entre mères/ filles ( sur 2 générations) entre sœur et belle sœur, entre patronne et employées, etc etc. Ces scènes de violence(qui gardent une bonne réserve d'humour malgré tout) sont largement contrebalancée par des scènes de véritable tendresse, de reconnaissances mutuelles entre les mêmes protagonistes.


B ) Evocations de relations sexuelles

Elles sont nombreuses et particulièrement "diversifiées ".

Je n'ai jamais cessé d'être étonnée : je n'avais jamais prévu ce qui allait être révélé ! ! que je suis donc naïve et heureuse de l'être.

Ces révélations ont le bon ton de ne pas s'alourdir dans le glauque mais de passer rapidement à l'humour et les changements de couleurs (pour nous le spectateur ) dans la psychologie des personnages, interviennent sans interruption, il y a de la finesse d'esprit dans l'air .

Je n'aurais certes pas choisi de voir la miss Béart : elle m'insupporte dans les scènes de "geignarde professionnelle" qui lui sont si usuelles : pour une fois elle ne m'a dérangée, bien au contraire je lui ai trouvé du " chien"

Huppert ne cesse de m'étonner (elle ne craint pas les rôles les plus divers dans lesquels elle s'enlaidit à souhait: elle semble avoir le talent véritable d'une Jeanne Moreau et de La Signoret : elle sait vieillir dans son métier ,j'ai même trouvé la Deneuve performante !

Les deux jeunes sœurs n'ont rien à envier aux talents de leurs aînées, c'est peut-être le talent de Firmine Richard qui a été le moins bien exploité.

Pour tout dire, j'ai apprécié , après avoir vu le film, ces images des différentes fleurs du générique : le réalisateur nous a offert, en plus de son film, de l'intrigue, un véritable bouquet de fleurs odorantes : MAIS j'adore Firmine et elle me manque encore.

Il s'agit de 8 femmes mais Dieu merci ! ce film n'est pas un film "féministe" ni anti- féministe (en tous cas c'est mon analyse ) c'est un polard bien mené, jusqu'à sa chute qui est excellente, je n'en parlerai donc pas.

Brigitte B, vu en 2002 à Gaumont