Les invasions barbares
2003
France/Canada
Real:
Denys Arcand
Durée: 1h39
Avec: Rémy Girard, Stéphane Rousseau, Dorothée Berryman, Louise Portal, Dominique Michel, Yves Jacques, Pierre Curzi, Marie-Josée Croze, Marina Hands, Toni Cecchinato, Mitsou Gélinas, Sophie Lorain, Johanne-Marie Tremblay, Denis Bouchard, Micheline Lanctôt,
Avec:

Festival de Cannes 2003
- Prix d'interprétation féminine pour Marie Josée Croze.
- Prix du scénario.


Vingt ans après Le Déclin de l'empire américain qui avait fait connaître Denys Arcand en Europe, ce dernier a imaginé une suite, logiquement intitulée Les invasions barbares. Le réalisateur reprend les mêmes personnages, joués par les mêmes acteurs, mais dans une tonalité légèrement différente. La fin du déclin, si mes souvenirs sont bons, avait un goût amer. Arcand repart sur ces mêmes bases et démarre ses invasions sur un constat profondément pessimiste et désabusé de la société libérale triomphante: il nous décrit un monde en faillite, à l'image de cet hôpital qui périclite, où tout n'est qu'anarchie et où tout s'achète*. Au milieu de cet univers sombre et cynique on retrouve Rémi, l'universitaire amateur de femmes, qui, atteint d'un cancer, vit ses derniers instants et porte un jugement critique sur sa vie passée.
Puis le film change progressivement de ton : le cinéaste comme le personnage principal tentent de redonner du sens à cette vie, avec l'aide de ses amis miraculeusement réunis et de son fils. Peu à peu l'émotion vient se frayer un chemin dans cet océan cynique qu'est devenu le monde. C'est à ces bribes d'humanité, bien souvent portées par des personnages fragiles et brisés (cf. la jeune héroïnomane) que le film se raccroche pour ne pas tomber dans le désespoir total. Autre bouée de sauvetage, l'humour ravageur et leste qui faisait tant rire dans le déclin. Du plan-séquence d'ouverture dans le couloir de l'hôpital, véritable cour des miracles, au plan final apaisé du banc vide devant le lac, Arcand nous emmène dans une quête désespérée, drôle et poignante du bonheur individuel.

Laurent G. , vu à Niort en 2003

*Arcand a décidément une dent contre le système hospitalier montréalais, qui en prenait déjà pour son grade dans quelques scènes de Jésus de Montréal.

 

 

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