La chambre des officiers
France

2001
Réal. François Dupeyron
Avec A. Dussolier, E. Caravaca, S. Azéma, D. Podalydès

 

Adrien, jeune lieutenant français ,à peine arrivé sur le front en 1914, est gravement blessé. Il est sans doute parmi les premiers "Poilus" à obtenir la légion d'honneur. Sa blessure est particulière: le côté droit de son visage a été détruit. Il est soigné par un chirurgien "hors du commun" (A. Dussolier) qui pratique sans doute les premières greffes osseuses de l'humanité (s'acharne-t-il sur ces patients? ). Notre héros se retrouve ainsi dans cette salle d'hôpital, réservée aux officiers (on n'ose pas imaginer le vécu d'un simple soldat, dans les mêmes circonstances). Il est soigné par une infirmière qui est toute douceur (S. Azéma). Petit à petit d'autres blessés arrivent, tous compagnons d'infortune, horriblement atteints au visage. A partir de ce moment le film se centre sur la difficulté à trouver place dans le regard des autres et une raison d'exister alors que son visage a perdu ce qui fait de lui un visage d'humain. De quoi seront faits les rapports à autrui dès demain ? Qu'est-il permis d'attendre des autres? (même les familles proches éprouvent des difficultés). Une jeune infirmière a subi le même sort sur le front et Adrien, avec deux autres compagnons de galère la découvrent un jour, à leur étage: elle a perdu, comme eux, visage "visible".


Le choix du sujet est éloge à la capacité de l'être humain à résister au désir de mort. Résistance au laisser-aller moral: "non, il ne faut pas que je laisse la peur m'envahir": cette phrase revient souvent dans les réflexions qu'Adrien se fait à lui même. Les images, les couleurs sont belles, le sujet aussi. Cependant un sentiment d'inachevé et même d'ennui ont perturbé mon enthousiasme du début de film: nous ne savons quasiment rien du personnage, nous avons quelques difficultés à nous y retrouver dans son univers familial, sa vie sentimentale est réduite à une brève aventure. Il retrouve cette femme d'une nuit, par un hasard qui semble grandement "téléphoné". La musique (pourtant signée: Arvo Pärt et Penderecki entre autres) m'a semblé à la limite de l'insipide (ex: toutes les séquences pour violon et piano ou pour piano seul ). Une musique en situation de redondance par rapport aux dialogues ou aux images n'apporte rien: elle m'a agacée. L'idée de ce film est tout à fait admirable mais la façon dont il a été réalisé l'est, à mon sens, beaucoup moins.

B.B vu en 2001 en "ciné club"

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