Lumière bleue (La) / Blaue Licht (Das)
1932
Allemagne
Réal. : Leni Riefenstahl

Avec : Leni Riefenstahl

De superbes images des Alpes italiennes, mais une histoire et un traitement un peu gnangnans. On décèle déjà chez Riefentsal un sens de la verticalité qui reviendra dans les premières images du Triomphe de la volonté, et bien sûr dans son adhésion à l'idéologie nazie. Sur ce dernier point, et à destination de tous ceux que la célébration de l'oeuvre de la cinéaste du 3ème Reich ne choque pas (en particulier les récentes diffusions sur Arte des films réalisés hors "période nazie"), voici l'extrait d'un article paru dans le Monde diplomatique (octobre 2002) qui concerne tout particulièrement les conditions de tournage de la lumière bleue. "Pour la réalisation de La Lumière bleue, son premier film, en 1931, elle avait demandé à l'écrivain hongrois et théoricien du cinéma Béla Balasz, émigré en Allemagne, de l'aider à venir à bout de son scénario. Au début de 1933, comme il n'avait toujours pas été payé pour ce travail et qu'il s'installe à Moscou, il lui réclame son dû. Comment réagit-elle ? Le 11 décembre 1933, elle donne "pleins pouvoirs" au dirigeant nazi le plus agressivement antisémite, Julius Streicher, avec qui elle s'est récemment liée d'amitié lors du tournage, à Nuremberg, de La Victoire de la foi. Elle lui confie la mission de régler la "réclamation" formulée par "le juif Béla Balasz (sic)".
Le litige, on s'en doute, était en de bonnes mains. Qui plus est, la cinéaste, s'avisant de ressortir La Lumière bleue en 1938, a profité d'une nouvelle copie pour enlever la mention de Balasz comme coscénariste. Le film, qui perd aussi dans son générique le nom de son producteur, Harry Sokal, un autre "
juif" devient ainsi jusqu'à sa troisième copie, en 1953, "une légende de la montagne, racontée et mise en images par Leni Riefenstahl".*

J'avoue avoir du mal à comprendre pourquoi l'on tente de réhabiliter Leni Riefenstahl ; à la vision du Triomphe de la volonté, on ne peut douter de la véritable nature des convictions de la cinéaste. Les justifications maladroites qu'elle a pu donner à sa collaboration avec Hitler (elle n'aime que la beauté, ne connaissait rien des persécutions du régime nazi, etc, etc....) ne suffisent pas à faire oublier la vision de cette propagande léchée pour un monde d'humanoïdes blonds sans impuretés... Pour peu qu'elle atteigne 150 ans, elle risque de passer pour une résistante...

Laurent G., vu en 2000
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*RICHARD, Lionel : "Indécente réhabilitation de Leni Riefenstahl", in : Le Monde diplomatique, Octobre 2002, p. 36