Les machines ont pris le contrôle
de la planète, et maintiennent les hommes dans un état
végétatif. La réalité que ceux-ci croient
vivre n'est qu'une projection virtuelle de la Matrice. Seuls quelques
humains "débranchés" résistent. Parmi
eux, Néo développe des pouvoirs exceptionnels et la prophétie
dit qu'il saura vaincre les machines (ça c'est Matrix episode
1). Aidé par ses amis, il tente d'atteindre la source de la matrice,
avant que la cité des rebelles ne soit découverte et détruite.
Mais la clé est dans le monde virtuel (qui est notre monde réel,
ben oui).
Par ailleurs, de funestes visions concernant son amie très chère
l'assaillent.
Après le succès
international de Matrix, les frères Wachovski ont concocté
une suite voulue encore plus spectaculaire. J'avais été
un peu déçu par le premier opus, qui partait sur de bonnes
intentions et ouvrait des perspectives originales à la S-F en
jouant sur le thème très actuel du brouillage entre le
réel et le virtuel. Hélàs, cette dimension s'évanouissait
bien vite au profit d'une fascination pour le jeu vidéo caractérisée
par de multiples clins d'oeil aux séquences de Playstation ou
autres Nintendo avec action
à gogo, combats interminables, ralentis et arrêts sur images
esthétiques. Comme la matrice projetait aux hommes des illusions
en guise de réalité, les héros pouvaient s'amuser
à dégommer tout ce qu'ils voulaient, comme à l'intérieur
d'une console de jeu.
L'impression de vertige que pouvait provoquer ce brouillage des frontières
illusion/réel étant déjà étouffée
dans ce premier épisode, on ne devait pas s'attendre à
des trésors de subtilité dans le second. Pourtant, The
Matrix Reloaded surprend dans sa première partie, mais ce
n'est pas, hélas, une bonne surprise. Loin de la surenchère
dans l'action, loin de leurs thèmes premiers, les frères
Wachovski nous servent d'entrée une heure particulièrement
assommante où il ne se passe rien sinon le bas de gamme classique
de la science fiction : découverte de la cité des rebelles,
dicussions interminables et inutiles (le spectateur peut s'éclipser
aux toilettes sans crainte), rave party grotesque dans une ambiance
de secte néo-bab, intrigues secondaires larmoyantes... On a du
mal à y croire : le film se désagrège inexorablement,
et ce n'est pas deux scènes de karaté menées par
un Keanu Reeves concentré (ou constipé) qui y changent
quoi que ce soit.
Puis cela démarre
enfin, mais dans la débauche d'action et d'effets spéciaux.
Les combats sont plutôt distrayants et originaux, et procurent
des sensations visuelles intéressantes (on pouffe quand même
en voyant Neo jouer les Superman). Le problème est que rien ne
vient sous-tendre le projet : en tout cas pas le scénario (l'oracle,
très ennuyeux, nous oriente vers un obscur maître des clés
sorti de nulle part), et encore moins les réflexions pseudo-philosophiques
des personnages, qui nous servent un délire biblico-mythologico-kubrickien
suffisamment embrouillé pour que cela ait l'air profond. Aïe,
il n'y a rien de pire que les films d'action technologiques qui se prennent
pour ce qu'ils ne sont pas.
Par ailleurs, le film marche presque exclusivement à partir de
références (cinématographiques, bibliques, "playstationiques"...),
comme s'il était incapable d'exister par lui-même.
En définitive, voilà un
bien beau gâchis, alors qu'il y avait "de la matière".
On nous demande de nous extasier devant les prouesses technologiques,
d'apprécier l'immixtion du film dans le jeu vidéo et vice-versa.
Mais qu'est-ce qui ressort vraiment de tout cela? J'ai beau creuser,
je ne trouve pas la réponse. A moins que le message véhiculé
par Street Fighter, Tekken et autres jeux de baston soit trop subtil
pour moi...
Laurent
G., vu en 2003
2.
Voila, après avoir abusé de la lecture, me voici qui franchis le pas
et offre aux autres mes impressions. Pour un début, faisons simple :
Matrix 2. Attention, ce texte contient des descriptions et une interprétation,
ce qui pourrait nuire aux personnes ne l'ayant pas encore vu et qui
voudraient le voir (s'il y en a). C'est un deuxième épisode sur (théoriquement)
trois.
Nous en sommes donc aux 2/3 de l'épopée. Et que voyons nous, à part
beaucoup d'effets spéciaux? Certains dirons pas grand chose. Il s'agit
d'une histoire simple, avec un héros aux supers pouvoirs mais qui reste
faiblement humain avec les doutes inhérents à toute personne qui réfléchit
un tant soit peu. Mais une fois de plus, l'approche par la science fiction
peut cacher autre chose que de vagues effets de manches pour personnes
en manque de sensations. En regardant un peu, que sont les "créateurs"
de la matrice, si ce n'est des dieux ? Il n'existe principalement 2
type de dieux : celui qui méprise et celui qui se met au niveau de ses
petites créations. N'assisterions nous qu'à une lutte entre deux puissances,
dont l'une aurait choisi les machines seules, et l'autre se dirait finalement
que l'homme peut servir.
Ainsi, le premier opus n'aurait été intéressant que parce que la trame
n'était qu'ébauchée, et par conséquent pas lisible complètement ? Cela
serait dommage. Il me faudra attendre le troisième volet pour déterminer
si l'humanité survivra à l'anéantissement par les machines.
Il est pourtant indéniable que ce film pose une question : pourquoi
vivre ? Et si tout cela n'était qu'une illusion, que les choix, tout
au long de notre vie, ne seraient que l'aboutissement d'une causalité
déterministe, sans vraiment d'échappatoire au destin immuable de l'univers.
Bon, je vous laisse retourner à vos occupations, bien plus importantes
que mes délires. Enfin, si je ne vous ai pas dégouté, je pense , vu
en que vous pouvez aller le voir. Si vous n'y voyez rien de tout ceci,
vous aurez passé environ 2h30 dans un autre univers. Et n'est-ce pas
le but du cinéma ?
François
N, vu en 2003
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