La mégalopole
Metropolis est dirigée par le duc rouge, du haut de la plus grande
tour, Ziggurat. Alors que la population des robots effectue les basses
tâches, le duc finance secrètement les recherches d'un savant
renégat, le docteur Laughton, pour donner naissance à un
robot d'un nouveau genre qui pourra lui succéder à la tête
de la ville. Mais le fils adoptif du duc, jaloux, fait exploser le laboratoire
du savant. La créature échappe aux flammes grâce à
l'intervention du détective Shunsaku Ban et de son assistant Kenichi,
venus enquêter sur les activités de Laughton. Des liens se
nouent peu à peu entre Kenichi et la créature. Mais ils
sont pourchassés dans les bas quartiers...
Quelle
déception ! Une déception à la hauteur des attentes
que je plaçais dans ce film. Recommandé chaudement par Soazig
D. (dont j'aimerais bien lire la prose à ce sujet), ce film avait
de quoi séduire, a priori, les amateurs de bons mangas : ce projet
de Katsuhiro Otomo (l'auteur d'Akira et et de Rêves d'enfants,
bandes dessinées apocalyptiques, que l'on aimerait voir plus au
cinéma), s'inspire d'une histoire de Osamu Tezuka (auteur de mangas
célèbres dans les années cinquante), et associe l'animation
traditionnelle et les images de synthèse.
Commençons par les points positifs : Metropolis consiste
en un mélange assez réussi du chef-d'oeuvre de Fritz Lang
du même nom (1927), du Roi et l'oiseau de Paul Grimault,
et des fantasmes de fusion cybernétique d'Otomo. On plonge dans
une mégalopole tentaculaire où l'amour, la soif de pouvoir,
la science s'entrechoquent dans une intrigue qui devient assez originale
malgré le poids des références.
Malheureusement le film pêche là où on ne l'attendait
pas : l'animation... et la musique.
Une histoire d'une telle densité méritait, à coup
sûr, des personnages beaucoup moins ronds et lisses (graphiquement).
dans cette ville où tout est verticalité, nos héros
rondelets aux pieds énormes semblent tout droits sortis des plus
mauvais épisodes de Candy où de séries bon
marché. Affublés de coiffures souvent grotesques et rétros,
ils ne captent jamais notre sympathie (ou antipathie). Rin Taro (réalisateur
d'Albator) a voulu respecter les formes inventées par Tezuka
dans les années cinquante : mal lui en a pris.
Par ailleurs, les décors impressionnants (tours infinies, mécanismes
infernaux...) sont, il faut l'avouer, très réussis... Sauf
que là encore, le réalisateur ne sait pas faire vivre ses
personnages dans cet univers urbain : trop lisse, trop propre, cette ville
ressemble trop à une maquette 3d luxueuse superposée sur
des habitants qui ne semblent jamais vraiment y vivre... Ni l'oppression
hiérarchique, ni les luttes sociales, ni les stratégies
politiques qui sous-tendent l'histoire n'y acquièrent une véritable
profondeur. S'ajoute à cela une musique de jazz totalement décalée
(une référence de plus à Tezuka et aux années
cinquante), qui achève de nous détacher de cette entreprise
ambitieuse mais esthétiquement ratée ! C'est dur, je sais,
mais nul n'est plus sévère qu'un amateur de mangas éconduit.
Allez, pour me consoler, je retourne voir le dernier Miyazaki...