Metropolis
Japon
2001
réal. : Rin Taro
Scén. : Katsuhiro Otomo, d'après le manga d'
Osamu Tezuka
Animation

 

La mégalopole Metropolis est dirigée par le duc rouge, du haut de la plus grande tour, Ziggurat. Alors que la population des robots effectue les basses tâches, le duc finance secrètement les recherches d'un savant renégat, le docteur Laughton, pour donner naissance à un robot d'un nouveau genre qui pourra lui succéder à la tête de la ville. Mais le fils adoptif du duc, jaloux, fait exploser le laboratoire du savant. La créature échappe aux flammes grâce à l'intervention du détective Shunsaku Ban et de son assistant Kenichi, venus enquêter sur les activités de Laughton. Des liens se nouent peu à peu entre Kenichi et la créature. Mais ils sont pourchassés dans les bas quartiers...

Quelle déception ! Une déception à la hauteur des attentes que je plaçais dans ce film. Recommandé chaudement par Soazig D. (dont j'aimerais bien lire la prose à ce sujet), ce film avait de quoi séduire, a priori, les amateurs de bons mangas : ce projet de Katsuhiro Otomo (l'auteur d'Akira et et de Rêves d'enfants, bandes dessinées apocalyptiques, que l'on aimerait voir plus au cinéma), s'inspire d'une histoire de Osamu Tezuka (auteur de mangas célèbres dans les années cinquante), et associe l'animation traditionnelle et les images de synthèse.
Commençons par les points positifs : Metropolis consiste en un mélange assez réussi du chef-d'oeuvre de Fritz Lang du même nom (1927), du Roi et l'oiseau de Paul Grimault, et des fantasmes de fusion cybernétique d'Otomo. On plonge dans une mégalopole tentaculaire où l'amour, la soif de pouvoir, la science s'entrechoquent dans une intrigue qui devient assez originale malgré le poids des références.
Malheureusement le film pêche là où on ne l'attendait pas : l'animation... et la musique.
Une histoire d'une telle densité méritait, à coup sûr, des personnages beaucoup moins ronds et lisses (graphiquement). dans cette ville où tout est verticalité, nos héros rondelets aux pieds énormes semblent tout droits sortis des plus mauvais épisodes de Candy où de séries bon marché. Affublés de coiffures souvent grotesques et rétros, ils ne captent jamais notre sympathie (ou antipathie). Rin Taro (réalisateur d'Albator) a voulu respecter les formes inventées par Tezuka dans les années cinquante : mal lui en a pris.
Par ailleurs, les décors impressionnants (tours infinies, mécanismes infernaux...) sont, il faut l'avouer, très réussis... Sauf que là encore, le réalisateur ne sait pas faire vivre ses personnages dans cet univers urbain : trop lisse, trop propre, cette ville ressemble trop à une maquette 3d luxueuse superposée sur des habitants qui ne semblent jamais vraiment y vivre... Ni l'oppression hiérarchique, ni les luttes sociales, ni les stratégies politiques qui sous-tendent l'histoire n'y acquièrent une véritable profondeur. S'ajoute à cela une musique de jazz totalement décalée (une référence de plus à Tezuka et aux années cinquante), qui achève de nous détacher de cette entreprise ambitieuse mais esthétiquement ratée ! C'est dur, je sais, mais nul n'est plus sévère qu'un amateur de mangas éconduit.
Allez, pour me consoler, je retourne voir le dernier Miyazaki...

Laurent Goualle, vu à Lyon en 2002

 

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