Poing de la vengeance
Clint Eastwood est béni des Dieux. Acteur légendaire, il se révèle film
après film comme un réalisateur génial, inspiré jamais décevant toujours
surprenant. Son 25è film est un chef d'œuvre, peut-être son plus grand
film avec Mystic River. Le style n'a pas changé : sobre, épuré.
Le propos toujours ambitieux. Un couple rare dans le cinéma actuel. Clint
le magnifique maîtrise à merveille le genre dramatique et ne gâche pas
une histoire magnifique. Bien au contraire, son extrême respect pour son
sujet l'amène à la magnifier. Son œuvre est un travail d'horlogerie. Tout
joue à l'unisson dans un symphonie de l'image. Clint réussit à construire
une œuvre mystérieuse, multiple, complexe. C'est à la fois un hymne au
noble art, sans complaisance ni morale. Clint s'attache à retrouver les
valeurs d'un sport mêlant violence et respect. A l'opposé de la farce
qu'étaient les Rocky, Clint filme la boxe dans toute brutalité, sa dureté,
sa richesse. Mais cette boxe n'est qu'un prétexte pour raconter l'histoire
d'une rencontre entre un vieux manager rongé par le remord et une jeune
serveuse cherchant à vivre sa destinée. Le film respire d'une sourde
poésie. Le spectateur découvre l'âme d'une enfant qui a grandi trop
vite. L'histoire et belle, trop belle et on s'attend à la chute. Malgré
tout, l'apothéose dramatique nous secoue. On pleure à chaudes larmes.
Clint ménage ses effets sans excès. Il n'exploite pas à outrance le pathos.
Bien au contraire sa retenue fascine. Aucun cliché, seulement de l'humain
imprimé sur la pellicule. Le film nous marque, provoque toute la gamme
des sentiments : hystérie jubilatoire (devant les succès de la boxeuse),
colère difficile à contenir face à la famille sans scrupules de la boxeuse.
Hasard de l'histoire, le passage sur l'hôpital repose la question de l'acharnement
thérapeutique. Son film a la richesse des grands mélodrames et l'acuité
des films psychologiques. Et que dire de la partition des acteurs. Du
pain béni pour un Morgan Freeman qui n'est jamais aussi bon que dans ces
rôles d'hommes simples ayant traversé les méandres du temps. Sa bonne
humeur, son bon sens jovial profite d'un rôle taillé sur mesure. Avec
Clint, il reforme le couple d'Impitoyable. Et la jeune Hillary Skank reste
au-dessus du lot. La force de sa composition est d'arriver à tromper le
spectateur : quel âge a-t-elle ? difficile de le dire tant sa fraîcheur,
sa spontanéité, son charme bouleversent. Elle est extraordinaire et extrêmement
crédible sur le ring. En un mot le Grand film de ce mois. Encore merci
monsieur Clint.
Hervé L.,
2005
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