Monstres & Cie (Monsters, Inc)
2001
Animation
Réalisateurs : Peter Docter, David Silverman, Lee Unkrich
Avec les voix en anglais de: John Goodman (Sulley), Billy Crystal (Mike), Mary Gibbs (Boo), Steve Buscemi (Randall Boggs), James Coburn (Henry J. Waternoose), Jennifer Tilly (Celia), Frank Oz (Fungus) Durée : 1h32

 

Monstres et compagnie est une nouvelle création de Pixar, studios d'animation dont Disney s'est offert les services. Après les deux Toy Story, ils nous proposent un nouveau film de bonne facture, en tout cas très drôle. Jouant sur les peurs d'enfant, sans préchi-précha ni guimauve, le spectacle de ces monstres qui nous ressemblent beaucoup est très réjouissant, offrant même quelques moments vraiment hilarants : le court-métrage d'ouverture, et le bêtisier désormais traditionnel du générique final.
On peut aussi ajouter quelques commentaires sur ce qui sous-tend l'univers de cette fiction : les héros appartiennent à une immense entreprise monopolistique qui fournit l'électricité de ce monde parallèle au nôtre en alimentant les générateurs de cris d'enfants. La vie des employés semble plutôt agréable, basée sur une juste compétition entre l'élite des monstres qui fournissent les cris en effrayant nos chers petits (vous savez, les créatures terrifiantes qui peuplent les placards et le dessous du lit de nos pitchounes).
Comment ne pas reconnaître l'Amérique dans cette satire douce, avec ses tendances isolationnistes et paranoïaques (une police digne de Brazil traque toute incursion du corps étranger : la présence d'un bambin pas du tout peureux menace l'univers des monstres et terrifie (!) ces derniers). Le fonctionnement capitaliste harmonieux est aussi menacé par les tentations du méchant chef d'entreprise, qui entend faire exploser ses profits en enlevant nos charmants bambins pour les torturer.
Vous vous en doutez, le complot sera déjoué par les héros, mais laissera l'entreprise sans leader. Que faire alors pour sauvegarder les emplois ? Opérer une reconversion, bien sûr, et revoir le mode de production. Les scénaristes ne proposent donc pas la révolution (toujours vue d'un oeil méfiant dans les films hollywoodiens), mais prônent un capitalisme à visage plus humain, sans modifier pour autant le fonctionnement de la compagnie (je ne peux en dire plus sans révéler la fin). Un économiste trouverait sans doute encore plus de choses à dire sur le fonctionnement de Monsters Inc. En jouant habilement sur cette petite fable économique, sur divers registres comiques (splastick, satire), et sur l'univers de l'enfance, Pixar produit un spectacle de qualité, assez intelligent et souvent très drôle.

Laurent Goualle, vu à Pau en 2002


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