Parle avec elle

réal. : P. Amodovar
E
spagne
2002
avec: Javier Camara, Dario Grandinetti, Leonor Watling,
Rosario Flores,
Géraldine Chaplin, Mariola Fuentes
Date de sortie : 10 Avril 2002

cucurucucu, PaloOmAaa

 

Résumé

Benigno est un infirmier dont l'emploi consiste à veiller sur Alicia, jeune danseuse qui, à la suite d'un accident de voiture, est dans le coma depuis 4 ans. Il en est amoureux et lui parle comme si un dialogue réel existait entre eux deux. Marco, journaliste, se retrouve dans cette clinique, au chevet de la femme qu'il aime : Lydia, toréra qui est aussi dans le coma, à la suite d'un accident dans l'arène. Une amitié sincère et solide va se lier entre les deux hommes.

1.
Un film qui n'est que tendresse et douceur, un exemple marquant: la métaphore de ce qui est, il faut bien l'admettre, un viol.
La musique " in" et "off ", très présente, fait partie d'un univers intimement lié à l'Art : art de la danse, art vocal, art du cinéma .La tauromachie est elle aussi traitée comme art (on peut ne pas être d'accord sur un plan éthique) il faut cependant bien admettre que le réalisateur a soigné, dans sa manière de les filmer, les gestes de Lydia avec la même précision et délicatesse que ceux des danseuses.
Le personnage principal: Benignio est-il psychopathe…? oui, si on se réfère à une analyse réaliste du film, mais dans cet univers onirique, où la mort est vie , on ne peut plus penser rationnellement, on se laisse tout simplement transporter par la magie opérée par l'Art d'Almodovar.

Brigitte B 2002 à Gaumont


2.
"Cucurucucu Paloma…" chante de sa voix suave Caetano Veloso et je suis le seul à pouffer de rire dans la salle du CNP. Paloma à côté essuie quelques larmes. Quel phénomène cet Almodovar qui réussit à vous arracher des pleurs d’alligator, puis dans la scène suivante vous fait rire à gorge déployée. Le réalisateur espagnol atteint avec Hable con ella un rare niveau d’émotion, vive le cinéma espagnol ! Rien à rajouter de crainte de dévoiler l’histoire…alors courez voir ce chef d'oeuvre en vo, en espagnol c’est tellement mieux…et fredonnez : "Cucurucucu Paloma…"

Marco (comme l'un des héros du film), vu au cnp odéon à Lyon


3.
Il est vrai qu'avec ce film Almodovar gagne en sobriété sans pour autant perdre la sensibilité de ses films précédents. Les personnages sont toujours atypiques, mais moins exubérants, la construction dramatique est remarquable. C'est un tour de force de susciter l'empathie, la compréhension et l'indulgence vis à vis du geste pour autant a priori choquant de Benignio. La poésie est toujours présente. Le film a su toucher et émouvoir la grande majorité de ses spectateurs, comme Talons aiguilles ou Tout sur ma mère. Cela n'a pas été mon cas. C'est un sentiment que je ne m'explique pas, d'ailleurs de peu d'intérêt pour les lecteurs de ces commentaires, qui sont allés ou iront voir ce film de grande qualité.

Alexis G., vu à Grenoble en avril 2002 (VO)


4. Miracle !!!
Une femme toreador, une autre danseuse, toutes deux endormies dans un profond coma et des hommes qui veillent. Les destins se croisent, les souvenirs, les rêves, les fantasmes, les désirs de chacun s'entremêlent comme un ballet tragique, une corrida flamboyante, une chanson mélancolique ou encore un film muet onirique.
Alicia est la belle endormie, et Benigno, infirmier de son état, son chevalier servant. Il parle avec elle, lui raconte sa vie, s'identifie à elle… On sait juste de lui qu'il a soigné sa mère durant un certain nombre d'années, qu'il est très seul et qu'il croit aux miracles.
Marco, lui, semble avoir plus de personnalité. Journaliste, il tombe amoureux de la reine de l'arêne, la torera Lydia.
Il est aussi l'homme qui pleure, quand l'émotion le submerge lors d'un spectacle de ballet ou quand ses souvenirs se ravivent. Lydia semble plus forte mais s'écroulera vite, victime d'un amant macho puis d'un taureau vindicatif. Elle sombre, elle aussi dans un coma profond.
Et Marco rencontre Benigno. " Parle avec elle. " conseille l'infirmier au journaliste, désemparé…

A voir pour l'histoire de ces personnages portée par les chorégraphies de Pina Bausch, les couleurs de l'Espagne, la folie de la tauromachie et pour le superbe "Cucurrucucu Paloma" interprété par le chanteur brésilien Caetano Veloso, en chair et en os dans le film.

Cécile G.

 

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