Varsovie, 1939.
Pianiste de talent d'origine juive, Wladyslaw Szpilman voit son existence
et celle de sa famille bouleversées par l'invasion de la Pologne
par les allemands. Epargné par un des chef de la police du ghetto
de Varsovie, où les juifs sont parqués, il échappe
de justesse à la déportation, mais assiste au départ
de sa famille pour les camps. C'est le début d'une lutte désespérée
pour une survie qui ne tient qu'à un fil.
I INTRODUCTION
Le point de " vue " musical de ce film mérite qu'on s'y attarde.
Le compositeur : W.Kilar est né en 1932, il est l'un des plus grands compositeurs
polonais actuel, il fut élève de Nadia Boulanger.. ce qui est loin d'être
anodin et il a mis avec une immense modestie, ses talents de compositeur
au service du film (il a également signé les musiques de : " le Roi et
l'Oiseau " et de " Dracula " de F.F.Coppola)
Il est rare de rencontrer une telle sobriété dans l'écriture d'un compositeur
pour le cinéma. Il n'impose même pas ses compositions personnelles dans
les génériques de début et de fin, laissant la place à Chopin.
La sobriété est le fil conducteur du monde musical de ce film.
Quelques exemples :
1)Le violon aurait pu être traité de manière mélodramatique, ce n'est
pas le cas, il est cependant très présent.
2)Le piano
On peut examiner avec attention les choix dans le dispositif instrumental
(présence, absence des instruments) et dans le traitement du matériau
musical. C'est une lorgnette possible pour l'analyse et l'interprétation
du film.
II ANALYSE MUSICALE ET INTERPRETATIONS (plan détaillé)
1) Les musiques " off "
Dans ce film, on ne sent pas qu'il y a une " musique de film " elle est
pourtant présente à des moments très stratégiques.
a) Le thème des cordes
Sa 1ère intervention passe quasiment inaperçue, Il y a d'autres apparitions
de ce thème. Description de ce thème et interprétations…
b) Une deuxième musique " off "
A sa 1ère apparition, elle passe elle aussi quasiment inaperçue : la clarinette,
plusieurs interventions. Interprétations…
c) La sonate " au clair de lune " de Beethoven : interprétation
de la présence de ce morceau dans le film.
2) les musiques " in "
Que dire des cuivres : une interprétation possible.
Logique et stratégie fine dans le choix et l'emploi des instruments :
Le violoncelle seul : Extrait d'une suite de Bach et clin d'œil
à la clarinette (seule elle aussi) de la musique " off "
le violon et interprétations
Un instrument qui devrait être " in " mais qui est absent : la contrebasse
Des pistes d'interprétations sont donc ouvertes en ce début de film et
en ce début de guerre…
Le morceau choisi en début de film (Chopin : nocturne pour piano
seul) nous donne des pistes pour comprendre la personnalité de Szpilman
L'orchestre ( le collectif) apparaîtra en fin de film : interprétations
possibles
absence de la contrebasse dans la musique populaire juive : trois
instruments sont associés : violon, clarinette, (+ l'accordéon) analyse
3) L'évolution de la vie pianistique de Szpilman pendant sa survie
:
analyse détaillée
4) A la fois musique " off " et " in " les pièces pianistiques
de Chopin encadrent le film en son début (un " nocturne "pour piano seul
) et au moment du générique de fin ( la " Grande Polonaise Brillante "
pour piano et orchestre) pistes d'interprétation
scène finale : dans la salle de concert [avec l'orchestre et le public]
5) Chopin
Evidemment Chopin est incontournable pour un pianiste professionnel, il
est de surcroît d'origine polonaise mais sa présence musicale dans le
film fait référence à autre chose : il est intéressant de se référer à
ce que Schumann (compositeur allemand) dit au sujet de certaines pièces
de Chopin : " des canons cachés sous des fleurs " ( Encyclopédie
de la musique collection " La Pléiade " )
III CONCLUSION
On se demande tout au long du film où Szpilman puise son énergie pour
survivre, pourtant, dès le début, la maîtrise de son jeu pianistique (gros
plans sur ses mains), l'expression de son visage, sa rage quand il décide
de continuer à jouer, nous ont révélé la puissance de sa personnalité.
[scène de l'explosion dans le studio de la radio, début de film].
C'est avec l'interprétation de cette œuvre immense de Chopin qu'est la
Grande Polonaise Brillante, que Polanski a décidé que nous devions quitter
Spzilman.
Un très long générique de fin défile sur l'écran (il s'agit d'une superproduction)
mais c'est la musique et le musicien qui sont à l'œuvre, justifiant par
là même, le titre et le sens du film.
Brigitte Boëdec 2002
NB : Ce film a été
visionné et étudié avec des élèves de terminales dans le cadre de l'option
facultative de musique, BAC 2003) .