Pinocchio
Italie
2002
réal. : Roberto Benigni
Scén. : Roberto Benigni et Vincenzo Cerami
Producteurs : Nicoletta Braschi, Elda Ferri et Gianluigi Braschi photo : Dante Spinotti Compositeur : Nicola Piovani
avec : Roberto Benigni, Nicoletta Braschi, Carlo Giuffre.

 

Etant en général sensible à l'humour de Roberto Benigni, je me suis laissé entraîner à une séance de sa version de Pinocchio, malgré les mauvaises critiques que j'avais vaguement parcourues. Mes seules connaissances de l'histoire remontaient au dessin animé de Walt Disney, dont certaines scènes m'avaient terrorisé dans ma tendre jeunesse.
L'idée originale de Benigni, après tant d'adaptations du conte de Collodi, consistait à interpréter lui-même le rôle titre. Ce pari un peu osé aurait peut-être pu fonctionner s'il s'était écarté du conte pour apporter son propre délire.
Hélas, le résultat est navrant.
Je concentrerai mes critiques sur l'interprétation, qui est évidemment le problème central. Et là, Benigni est parfaitement horripilant. Ses mimiques grossières, son agitation incessante qui d'habitude me font rire, m'ont ici très vite donné envie de mordre à pleines dents le dossier du fauteuil devant moi. Geignant constamment, plus guignol que Pinocchio, il ne comprend pas que jouer les enfants ne signifie pas tomber dans l'infantilisme. Or, l'hystérie, les gémissements incessants, la vacuité des dialogues, tout dans ce film nous conduit à ce stade. Et ce ne sont pas les autres acteurs qui rattrapent la sauce. Tous en rajoutent dans l'extrême, la niaiserie, avec une palme à la fée, qui se contente d'arborer son sourire de carton-pâte. Ajoutons que les autres personnages sont d'une rare laideur, ce qui ajoute à l'inconfort créé par les dialogues celui des images.
Le décor, à mi-chemin entre le théâtre de marionnettes, la commedia dell'arte et certains aspects felliniens, ne rattrape pas l'accumulation des mauvais choix par ailleurs.
"Ai-je donc perdu mon innocence ?" me suis-je demandé en sortant du cinéma. Non, non, et non ! Je raffole des contes de fées, mais force est de constater que le projet est totalement raté ; et il me semble que dès le départ tout cela était une très mauvaise idée. Enfin, ne désespérons pas, Benigni nous reviendra pour des délires bien plus savoureux.

Laurent Goualle, vu à Pau en 2002

 

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