1.
J'ai donc vu la planète des singes de notre ami Tim Burton, tout
de suite avant Amélie Poulain, et ne peux m'empêcher de faire non
pas une comparaison mais une analogie simple du fait de ma vision rapprochée
des deux toiles. La planète des singes de Burton est hélas la parfaite
représentation d'une consécration d'un réalisateur reconnu. Pourquoi dans
cette réalisation Burton a-t-il succombé à l'abandon total d'originalité,
cette empreinte si particulière que Burton avait marqué lors de ces précédentes
réalisations s'est éffacée soudainement. Le sacrifice de l'originalité
au profit de la soi-disante efficacité des standards cinématographiques
; voilà ce que l'on pourrait dire, la seule originalité du film est dans
les réactions des "singes'" qui n'oublient pas pendant plus d'une heure
trente de grogner quand ils sont pas contents. Faut bien nous rappeler
que ce ne sont que des animaux...toute la problématique de la différence
et la tolérance qui avait fait la force du film de F.Schaffner (avec Charlton
Heston) est gommée avec force et rapidité. Le film galope atour du personnage
du méchant singe (belle performance de l'acteur ceci dit) et le méchant
est puni finalement, prisonnier de son intolérance. Que de raccourcis
et que de platitudes planétaires!! Je ne parle même pas du héros américain,
aussi plat dans ses répliques que dans l'occupation de l'écran, je ne
parle pas du personnage féminin qui l'accompagne, vague sosie d'une Laetitia
Casta en peau de zébu que Burton a, je suppose volontairement sacirifié
au profit de la femelle singe, carrément moins plastique mais quand même
plus...sage et un tantinet rebelle. Quelle lecture finale et quel message
Burton a -t-il voulu nous transmettre de sa planète?, ce message doit
être crypté ou bien je ne vais plus assez souvent au cinéma et j'ai du
mal à apprécier les degrés de lecture...Avec Amélie Poulain , je
pouvais ressentir ce que l'auteur voulait nous faire vivre autour de son
personnage. avec Burton je n'ai absolument rien compris à ce qu'il voulait
nous faire partager, à part nous faire comprendre qu'il est devenu un
bon élève...
François
G., vu en 2001
2.
Je remarque tout simplement que, dans ton site, tu encenses Burton ( à
juste titre ) mais tu oublies de parler de son dernier film dans lequel
tout est gommé ( même le visage de son jeune américain est inodore, incolore
et sans saveur ) ne parlons pas de la vision - on ne peut plus conventionnelle
d'une nana qui a de belles gambettes mais rien à dire ( donc probablement
rien dans le cerveau .... 1001 excuses pour ce raccourci de philosophe
qui relie le logos à la pensée articulée ) J'AI CHOPE LA HONTE D'AVOIR
CONSEILLE BURTON A DES AMIS AVANT D'AVOIR VU CE PONCIF! ! !
Brigitte
B., vu en 2001
3.
Si je suis un admirateur inconditionnel de Edward aux mains d'argent,
qui est selon moi le meilleur film de Tim Burton à ce jour, si
je considère que ce réalisateur arrive est un véritable
auteur capable de manier de grosses superproductions (ce qui est un exploit),
je suis plutôt mitigé par rapport à bon nombre de
ses films, et en particulier par rapport à la planète
des singes, qui est assurément un de ses plus mauvais. Le problème
avec ce réalisateur c'est que, dans sa vision de la différence,
il n'arrive que rarement à me faire "croire" à
ses monstres, souvent originaux mais aussi trop hystériques (Batman,
Planète), et manquant de subtilité. En revanche,
Burton n'est jamais meilleur que quand il reste collé au réel
en y distillant l'étrange. Iil excelle aussi dans la création
d'atmophères gothiques (Edward, Sleepy Hollow), et
dans la dérision pure (Mars Attacks). Cela dit, je ne crois
pas qu'il faille voir dans ce film la "consécration"
du réalisateur, qui se verrait enfin confier une grosse machine.
Il n'en est pas à ses premières armes en la matière.
Il faudrait revoir le film de Schaffner pour l'apprécier à
sa juste valeur, mais il est clair que la nouvelle version a gommé
toute la dimension philosophique, et se contente de décliner le
sujet en le dépouillant soigneusement de ses développements
les plus intéressants, préférant distiller avec une
subtilité éléphantesque les arguments classiques
sur la tolérance. Malgré certains bons choix de mise en
scène (et le travail sur le son et la lumière, qui rendent
très impressionnants, presque terrifiants, les déploiements
de l'armée des singes), il pêche, en plus, par un scénario
totalement approximatif (on ne voit pas qu'est-ce qui pousse les singes
à considérer les humains comme des inférieurs, contrairement
à la version initiale ou ces derniers étaient vraiment des
sauvages). Enfin, la pirouette finale est ridicule, et ne semble répondre
qu'à la volonté stupide de donner un équivalent à
"la scène de la statue de la liberté" du film
de Schaffner. Comme François, je me pose aussi la question : est-ce
de l'ironie ? Est-ce du second degré burtonien ? Même si
c'est le cas, le réalisateur a raté son coup et échoue
à jouer sur les deux tableaux (action et distanciation), laissant
le spectateur sur sa faim. On pourra aussi voir de multiples références
à la société américaine, mais cela ne suffit
pas à en faire une oeuvre originale. On ne peut pas faire mouche
à tous les coups !
Laurent G., vu en
2001.
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