En 1979, dans une Chine en pleine
mutation, il est encore interdit d'écouter la Musique Pop. « Platform »
est le titre d'un de ces tubes que des jeunes de la province du Shanxi écoutent
en cachette. Le film suit sur dix ans les tribulations d'une troupe de théâtre
officiel bientôt reconverti dans le rock ; Minliang et ses amis connaîtront
de multiples aventures artistiques et sentimentales, sur fond de déception
révolutionnaire et de privatisation. (source : Ministère des affaires
étrangères)
Un des films les plus extraordinaires de l'année 2000, qui sort
en France après un passage à Venise et au festival des Trois
Continents de Nantes, où il a reçu très justement
le grand prix. Malgré sa longueur (il sort dans une version légèrement
raccourcie semble-t-il), Platform m'a laissé totalement
bouche-bée. Sur un rythme magnifique, avec des images éblouissantes,
il nous retrace les trajectoires chaotiques d'un groupe de comédiens
sur une période de dix ans, de la Chine du début des années
quatre-vingt à celle des années 90, peignant au passage
un pays en pleine mutation. Se focalisant sur le quotidien, jia Zhangke
a puisé dans ses propres souvenirs de sa jeunesse pour dresser
ce portrait social qui frappe par sa précision et sa justesse.
Sa grande force réside dans la subtilité de l'articulation
entre les trajectoires individuelles et l'évolution du pays, comme
l'a rappelé très justement un article de Positif
(septembre 2001) sur le film. Lentement mais sûrement, nous assistons
à la dilution du monde communiste dans une pseudo-modernité
pas forcément plus brillante, qui vient toucher malgré eux
les personnages. L'esthétique du film oscille constamment entre
le souci permanent d'un réalisme du quotidien et de longs plans
séquences somptueux qui participent au rythme génial de
l'oeuvre. Rarement le sentiment de l'écoulement du temps aura été
si bien restitué dans un film. Courrez voir cette épopée
ordinaire, cette errance spacio-temporelle fabuleusement hypnotisante,
absolument indispensable en cette rentrée de septembre.
Laurent
G., vu en 2000
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