C'est
l'histoire simple d'une famille de pêcheurs dans un petit village
sicilien ordinaire. Ce film franco-italien, où deux français
font une courte apparition dans leur voilier, a visiblement été
fait par des français qui aiment l'Italie. C'est presque une
publicité pour l'office du tourisme, mais le film permet aussi
d'expliquer la fameuse attitude de repli vis-à-vis des étrangers
de cette région, sans que l'on aie besoin d'y aller.
En bref, cette communauté reste inchangée, comme un diamant
laissé intact par le temps, et le film semble avoir été
fait pour nous aider à comprendre pourquoi les lois de la nature
ont créé un tel mode de vie, maintenu en l'état
si violemment, si fièrement et si passionnément par ces
Siciliens.
L'actrice principale (Valeria Giolino) est célèbre, je
l'ai déjà vue quelque part... ah oui, dans Rain Man!
Elle était déjà sexy alors, mais alors pas à
ce point. Vous tomberez amoureux d'elle, c'est inévitable. Elle
joue une femme et une mère de famille. Son problème, et
le problème central du film, c'est qu'elle est un peu dingue.
L'ironie est que tous les Siciliens du village ont l'air toqué,
mais sa folie à elle est différente des autres, une différence
contraire aux traditions indispensables au fonctionnement harmonieux
de cette communauté "oubliée par le temps".
Aussi sa folie est-elle si inacceptable qu'ils lui demandent de partir.
Pourtant elle ne fait rien de vraiment choquant. Un exemple : quand
elle veut aller nager sans le haut dans l'océan avec ses deux
garçons, les enfants, de 8 et 13 ans environ, s'offusquent de
l'indécence de leur mère et tentent de l'obliger à
mettre sa robe de coton dans l'eau. Mais elle s'obstine à rester
nue, et quand d'autres pêcheurs passant en vedette l'aperçoivent,
tout le village entre en émoi. Je ne dévoilerai pas toutes
les jolies petites histoires qui se déroulent entre tous ces
personnages fascinants. Disons simplement que ce film nous fait aimer
profondément chaque protagoniste de sorte que l'on pénètre
et que l'on finit par connaître intimement un lieu qui est souvent
stéréotypé et inconnu des étrangers. A la
fin, nous comprenons et même envions cette communauté "arriérée".
N'ont-ils pas tout ce dont ils ont besoin ? J'ai été pris
par la nostalgie du "bon sauvage".
Ce film est aussi à la fois intellectuel et primitif. Tous les
symboles de l'humanité s'intègrent naturellement au récit
: le complexe d'Oedipe, l'assujettissement de la femme, la vierge Marie,
le fardeau de l'homme. En expliquant l'intrigue en ces termes j'ai l'impression
de saccager une belle histoire. Je m'en excuse. Mais à travers
les images de ce film, tous ces thèmes sont exprimés en
des scènes si intimes et si puissantes que je n'avais plus envie
de quitter le cinéma après la fin du film.
Respiro mélange la comédie, la tragédie, le
désir et nous ramène aux relations intimes entre les hommes
et cette planète magnifique.
Andrew
F. (traduit de l'Américain)
version
originale
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