Saint-Cyr
2000
France
Réal. : Patricia Mazuy
Avec : Isabelle Huppert, Simon Reggiani

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1.
Un film embourbé dans la pesanteur de la reconstitution historique dans sa première partie : on ne croit pas aux personnages, c'est assez maladroitement interprété, avec une sorte de flottement dans le montage, et la mise en scène nous laisse plutôt froids. Dans sa deuxième partie, et l'évolution totalitaire de l'institution, le film s'anime un peu, avec l'excellent Simon Reggiani, mais c'est un peu tard. Dommage car le sujet était passionnant. Bonne musique de John Cale.

Laurent G., vu en 2000


2.
Je ne suis pas du tout d'accord avec Laurent, mais alors pas du tout ! Pour moi qui ai vécu 8 ans dans une pension filialement liée à celle de St Cyr (qui lui a servi de modèle), j'ai ressenti le film comme très fidèle à la réalité de cette pension et ce n'est pas la pesanteur de la reconstitution historique qui est perceptible, mais celle de cette " maison " où l'on s'efforce de dresser des fillettes sauvages, ne parlant pas toutes français ( mais le langage de leur province ) et venues d'horizons totalement étrangers ( et difficiles à imaginer pour nous dans leur diversité ). C'est cette mise en bocal (d'abord rejetée par les fillettes puis adoptée par identification au projet d'émancipation de Mme de Maintenon et à elle même) qui d'après moi donne sa pesanteur au film. Cette contrainte que l'on ressent est celle que s'impose Mme de Maintenon (excellemment jouée par Isabelle Huppert) et qu'elle impose aux jeunes filles, d'abord par la persuasion, puis par la contrainte des corps, quand elle dérape. Et bien, cette pesanteur, je l'ai reconnue, pour l'avoir vécue, elle est réelle, réaliste, embourbante et c'est une réussite du film.
Les jeunes filles jouent bien : Si elles sont maladroites, elles le sont comme le sont des jeunes filles de 10 à 16 ans, expatriées, éloignées de leur famille et de leurs racines, contraintes à la cohabitation avec un grand nombre, au manque d'isolement et dans le même temps à la solitude, livrées aux rêves (les leurs et ceux que Mme de Maintenon leur fabrique à une époque qui n'est pas propice à ce genre de rêve) aux désirs et à une pression religieuse inimaginable. Elles sont passionnées, avides d'apprendre, prêtes à aimer, à mourir. Elles m'ont rappelé bien des compagnes de pension. Vilains petits canards rêvant d'être des cygnes. Le sujet était passionnant et il fut, à mon avis excellemment traité.

Geneviève

PS : Un avis bien informé sur le contexte religieux et politique pendant lequel eut lieu la tentative de Mme de Maintenon, serait le bienvenu pour moi. Mes souvenirs sont plutôt vagues à ce sujet.

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