On a beau s'efforcer
de prendre du recul, aller au cinéma reste une expérience
éminement subjective. Je suis allé voir Sam, I
am Sam un samedi matin, histoire de payer moins cher et de voir
comment le procès du film allait être mis en scène
(les films judiciaires, c'est mon dada), sans attendre grand chose d'une
intrigue calibrée et sans aucune surprise.
Résultat : j'ai eu beau passer tout le film à me dire
que toutes les péripéties étaient convenues, que
Sean Penn en faisait de tonnes, que la mise en scène tremblotante
n'apportait pas grand chose à l'entreprise, celle-ci consistant
en une sorte de digest assez habile de Kramer Vs. Kramer (constamment
cité) et de Rain Man, je ne m'en suis pas moins laissé
emporter par tous les artifices de ce mélodrame qui ne se cache
pas, et ai sorti mon mouchoir comme au bon vieux temps du mélo
hollywoodien, en pleurant allègrement devant ce déferlement
de bons sentiments parfaitement affiché. Je ne suis donc pas
aussi sévère que 98% de la critique internationale, qui
a éreinté le film avec sans doute quelque raison...
Pour ce qui est du procès,
plusieurs remarques : Michelle Pfeiffer joue une avocate cynique et
calculatrice, se prenant peu à peu d'affection pour son client
demeuré : rien de bien nouveau sous le soleil. Par ailleurs,
tous les éléments de la dramatique judiciaire sont là,
y compris le procureur sadique, les interrogations sur la vérité
et le mensonge... On peut cependant s'étonner que le témoignage
de Sam, évident morceau de bravoure, ne lui permette pas de gagner
son procès. La justice, insensible, ne lui donne finalement pas
raison, et il faudra attendre le happy end incontournable, directement
emprunté à Kramer vs. Kramer, pour que l'innocent
ait gain de cause.
Laurent G., vu en
mars 2002 au cinéma CGR, Pau
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