Sentiers de la perdition (Les)
(Road to Perdition)
Etats-Unis
2002
Drame, thriller
2h05
Réal. : Sam Mendes
Avec : Tom Hanks, Paul Newman, Jude Law, Tyler Hoechlin

ketchup...or not ketchup ?

En 1930 (dans le Chicago de la dépression), la jalousie et l'esprit de compétition plongent Michael Sullivan (tueur professionnel au service de la mafia irlandaise) et Connor Rooney (fils du patron de Sullivan, qui a élevé ce dernier comme son fils) dans une spirale de violence aveugle : la femme et le fils cadet de Sullivan en seront les premières victimes. Michael Sullivan et son autre fils (âgé de 12 ans) partent alors sur les routes pour fuir, mais aussi mettre en place une vengeance. Ils apprennent alors à se connaître et à s'aimer...

Après le caustique American Beauty, Sam Mendes explore un tout autre genre: le thriller. Comics avant de devenir un film (comics crée par Max Allan Collins), Road to Perdition possède un titre dont le sens est double: en effet, Perdition est à la fois le nom de la ville vers laquelle se dirigent Michael Sullivan et son fils, mais également une expression métaphorique de l'enfer (route dont Sullivan espère bien détourner son enfant...) J'ai trouvé dommage que les personnages de ce film ne soient pas trop étoffés (à part peut être celui de Jude Law), ce qui amène un manque certain d'émotion. De plus, le scénario est sans trop de surprise... Par contre, les acteurs, la mise en scène et la musique rattrapent ces petits manques. En effet, le duo Tom Hanks/Paul Newman est parfait (même si certains n'ont pas été convaincus par Tom Hanks en père de famille tueur professionnel: moi, il m'a convaincue!) Jude Law est, lui, exceptionnel dans ce rôle de composition du photographe psychopathe : le beau Jude arrive à devenir répugnant, sa prestation est hallucinante! Il ne faut pas non plus oublier le jeune acteur, Tyler Heochlin, qui joue remarquablement bien lui aussi. De plus, les décors sont superbes et la musique omniprésente nous plonge véritablement dans le film... Pour conclure, malgé le chemin ultra-emprunté, le suspense reste et le résultat n'est pas mal du tout.

Marion vu en 2002


2.
Je ne serai pas aussi indulgent que Marion envers ces Sentiers de la perdition, qui confirment un certain nombre d'impressions laissées par American Beauty : à savoir que Sam Mendes est un metteur en scène extrêmement doué, qui sait aussi s'entourer de collaborateurs talentueux (en particulier le chef opérateur Conrad Hall, un vieux de la vieille, qui éclairait déjà American Beauty). Le résultat esthétique est brillant : Mendes retrouve l'atmosphère du polar en y ajoutant de la couleur (mais les frères Coen avaient déjà ouvert la voie avec Miller's Crossing), et nous gratifie de scènes splendides et léchées qui sont autant de morceaux de bravoure et de trouvailles de mise en scène : celle de "la mort du père", véritable ballet funèbre muet, celle de la mort du fils, froide et implacable. Hélas, comme pour son premier film, le scénario n'est pas à la hauteur, et l'ensemble s'avère lourd et parfaitement convenu. Toute cette histoire est irrémédiablement courrue d'avance, et du coup les petits coups de patte du metteur en scène tournent à vide, comme de beaux objets sans consistance. Le personnage qu'interprète Tom Hanks (encore plus constipé que d'habitude) est totalement raté, car sans véritable ambiguïté, (à l'opposé du héros de Clint Eastwood dans Un monde parfait, par exemple). Pire encore, ce film est construit autour d'une morale profondément hypocrite (et souvent répandue dans les productions hollywoodiennes), qui consiste à montrer moults meurtres et scènes de violence pour les condamner avec insistance au cours des scènes finales.
Un film des talents gâchés.

Laurent Goualle, vu en 2002

 

 

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