Les Sentiments
France
2003
Réal. : Noémie Lvovsky

Avec :
Jean-pierre Bacri, Nathalie Baye, Melvil Poupaud, Isabelle Carré

 

1.
Si vous aimez la vie, que vous ayez le blues ou qu'au contraire vous soyez dans une phase où tout est en couleurs, COUREZ voir ce film ! Vous allez vous fondre et vous confondre avec les personnages (par ailleurs incarnés par des acteurs exceptionnels), partager, vivre leur histoire - et surtout oublier les vôtres. L'espace d'un été - d'une heure - on s'envole, on boit, on plaisante, on rigole, on fait les fous. Mais l'automne est là, tout prêt, il nous guette - et surgit très vite, incontrôlable, inévitable. Il s'agit alors de faire le lien avec notre propre vie, et de se dire que, si l'on veut préserver l'éclat des couleurs de celle-ci, on ferait mieux de ne pas se laisser tenter par un trop plein de soleil. Il s'agit d'apprendre à croquer la vie, certes, à pleines dents, mais en prenant garde de ne pas croquer trop loin, ni trop vite : il existe des fruits défendus.

Audrey N. 2004


2.
LES SENTIMENTS : UN FILM EMOUVANT PORTE PAR LE CHARME ET LE TALENT DE SES ACTRICES.

Je dédie cette critique à mon frère François qui me l'a conseillé et qui, je crois, l'a aimé pour les mêmes raisons que moi.

"On voudrait que les choses durent, mais on ne vit que dans l'instant."
Noémie Lvovsky.

C'est un film qui commence comme une comédie douce et légère et qui finit comme une tragédie dure et éprouvante...
C'est un film où l'on rit et où l'on pleure...
C'est un film où l'on accompagne, au même rythme, le cheminement d'une jeune femme insouciante et amoureuse qui va découvrir combien elle va souffrir et faire souffrir les autres, y compris ceux qu'elle aime le plus ou ceux dont elle aurait pu devenir l'amie... C'est un film sur un sujet "banal", diraient certains, mais traité avec un regard nouveau et une fraîcheur rare.
La force du film vient qu'on ne tombe pas dans la recherche ou la désignation du ou des coupables : on ne nous montre que des êtres humains victimes de leurs sentiments qui les submergent. On ne nous montre pas un adultère mais un amour ou plutôt des amours qui, hélas, ne sont pas compatibles. Et on souffre pour Nathalie Baye absolument extraordinaire dans ce rôle de femme qui se sent abandonnée mais qui veut se prouver que tout va bien par une gaieté excessive et suspecte, qui se met à danser comme une adolescente avant de boire un verre d'alcool... Et on souffre aussi pour Isabelle Carré absolument irrésistible tant elle dégage de charme dans la première partie et terriblement émouvante quand elle s'accroche à la voiture de son mari qui démarre, quand elle va le voir dans sa salle d'attente de médecin pour le supplier de lui donner des anti-dépresseurs, quand elle repousse Jean-Pierre Bacri dans un dernier baiser , luttant contre elle-même, cherchant désespérèment à ne plus souffrir... Cette scène-là est déchirante, pleine d'humanité car elle montre là-encore la complexité des sentiments pris entre ce qu'on voudrait, ce qu'on peut, ce qu'on doit faire. Pour les mêmes raisons, j'aime beaucoup également la scène du début où Nathalie Baye et Isabelle Carré échangent d'emblée une grande complicité, où l'on comprend qu'elles pourraient devenir les meilleures amies du monde si l'amour ne s'en mêlait...
Alors, devant une telle réussite, on ne peut que s'étonner et regretter que Noémie Lvovsky se soit obstinée à placer à intervalles réguliers des morceaux de chorale chantés par des musiciens habillés dans des vêtements aux couleurs excentriques. Ces séquences-là viennent briser l'intensité de l'émotion sans, heureusement, la faire totalement disparaître.
Sans cette idée saugrenue qu'a eu cette réalisatrice, je dirais que ce film pourrait être comparé à la réussite de La femme d'à côté de François Truffaut avec lequel il y a des ressemblances frappantes, même si le ton est ici volontairement moins grave.

Béatrice A-C., 2004

 

Retour menu