Storytelling
2001
Etats-Unis
1H23
Réal. : Todd Solondz
Avec : Selma Blair, Leo Fitzpatrick, Robert Widsom, John Goodman

Musique : Belle and Sebastian

 

Résumé : Première histoire : une jeune étudiante suit un séminaire de littérature à l'université, et sort avec l'un des participants, invalide moteur cérébral. Le professeur, noir, est particulièrement sévère avec les créations de ses étudiants.
Seconde histoire : un réalisateur fauché entreprend de réaliser
un documentaire sur les états d'âme des lycéens américains. Il entre dans la vie d'une famille bourgeoise dont le fils lui semble un excellent sujet d'observation.

Je découvre enfin Todd Solondz (Happiness, Bienvenue dans l'âge ingrat), figure importante du cinéma indépendant américain, et je ne suis pas déçu : sur le fond, le réalisateur propose deux portraits très caustiques (et atterrants !) de la vie universitaire et d'une famille bourgeoise américaine (avec mise en boîte des relations interraciales, de l'ascension sociale, de l'éducation...). L'Amérique de Solondz n'est pas belle à voir.
Sur la forme c'est encore mieux : l'apparent laissez-aller du scénario et de la mise en scène (le film est composé de deux moyens-métrages de durée inégale et sans lien apparent) masque une réflexion particulièrement pertinente sur la narration cinématographique, introduisant une mise en abyme troublante : entre la nouvelle de la jeune étudiante racontant sa nuit de débauche et le documentaire ironique fauché sur les adolescents, le réalisateur s'interroge sur la narration (littéraire et cinématographique), son propre projet de cinéma, ainsi que sur le public qu'il vise (la séquence où Goody, jeune adolescent lymphatique et pathétique, découvre que le documentaire dont il est l'objet vise à le ridiculiser lui et sa famille, est particulièrement réussie). vous aurez compris que Storytelling vaut le déplacement, et donne envie de (re)découvrir les précédentes réalisations de l'auteur.


Laurent G., vu au Méliès à Pau en 2002

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