Résumé
: Première histoire : une jeune étudiante suit un séminaire
de littérature à l'université, et sort avec l'un
des participants, invalide moteur cérébral. Le professeur,
noir, est particulièrement sévère avec les créations
de ses étudiants.
Seconde histoire : un réalisateur fauché entreprend de
réaliser un
documentaire sur les états d'âme des lycéens américains.
Il entre dans la vie d'une famille bourgeoise dont le fils lui semble
un excellent sujet d'observation.
Je découvre enfin Todd Solondz (Happiness, Bienvenue
dans l'âge ingrat), figure importante du cinéma indépendant
américain, et je ne suis pas déçu : sur le fond,
le réalisateur propose deux portraits très caustiques
(et atterrants !) de la vie universitaire et d'une famille bourgeoise
américaine (avec mise en boîte des relations interraciales,
de l'ascension sociale, de l'éducation...). L'Amérique
de Solondz n'est pas belle à voir.
Sur la forme c'est encore mieux : l'apparent laissez-aller du scénario
et de la mise en scène (le film est composé de deux moyens-métrages
de durée inégale et sans lien apparent) masque une réflexion
particulièrement pertinente sur la narration cinématographique,
introduisant une mise en abyme troublante : entre la nouvelle de la
jeune étudiante racontant sa nuit de débauche et le documentaire
ironique fauché sur les adolescents, le réalisateur s'interroge
sur la narration (littéraire et cinématographique), son
propre projet de cinéma, ainsi que sur le public qu'il vise (la
séquence où Goody, jeune adolescent lymphatique et pathétique,
découvre que le documentaire dont il est l'objet vise à
le ridiculiser lui et sa famille, est particulièrement réussie).
vous aurez compris que Storytelling vaut le déplacement,
et donne envie de (re)découvrir les précédentes
réalisations de l'auteur.
Laurent
G., vu au Méliès
à Pau en 2002
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