Troie
(Troy)
2003
Réalisateur : Wolfgang Petersen
Avec : Brad Pitt, Eric Bana, Orlando Bloom, Sean Bean

 

 

La guerre n'aura pas lieu
L'Antiquité fait à nouveau fureur dans le cinéma moderne, pour le meilleur (Gladiator) ou pour le pire (Le Roi Arthur). C'est presque naturellement qu'Hollywood s'est penché sur le récit fondateur de l'identité grecque : la guerre de Troie. Une fois n'est pas coutume, commençons par les défauts du film. D'abord trop de libertés par rapport à l'œuvre : Hector tue Ajax et Ménélas, Paris survit à la guerre ; Achille meurt dans la ville de Troie ; Ajax semble sorti tout droit de Conan le Barbare. Notons également un discours assez lourd sur l'idée de grandeur, sur les rapports entre l'Homme et sa Légende. Le film a en outre évacué toute la dimension mythologique du texte. Rajoutons enfin le parti pris pro troyen face à la cruauté/machiavélisme des Grecs. De tels défauts condamneraient n'importe quel autre film. Mais celui-ci s'appuie sur d'indéniables qualités. Un casting époustouflant avec Brad Pitt en figure de proue. Il incarne avec majesté toutes les facettes d'Achille : arrogant, colérique, sexy, belliqueux. Il porte le film, incarne tout l'hubris du personnage. C'est d'ailleurs une très bonne chose de centrer le film autour de ce personnage puisque l'Iliade décrit la colère d'Achille. Tous les autres acteurs sont excellents. Chacun joue sa partition avec brio : Orlando Bloom (Paris) n'est jamais aussi bon que dans les rôles de jeune premier, Sean Bean lumineux dans la peau du subtile Ulysse, Eric Bana, plus à son avantage que dans Hulk, exprime parfaitement le conflit intérieur d'Hector tiraillé entre son haut sens de l'honneur et l'amour filial. On ne peut que se réjouir que la subtilité de l'opposition Hector/Achille : à l'arrogance, nonchalance du grec répond le sens des responsabilités du troyen ; Hector pèse chacun de ses gestes à l'aune de l'intérêt commun, Achille suit ses impulsions. Signalons aussi que le scénario apparaît, à la relecture des œuvres antiques, très fins : la quasi-trahison d'Achille est une réalité littéraire. Dernier point fort : les décors et les costumes. Les armements, les formations de combat sont réalistes. Aucun anachronisme majeur ne trouble le film.
En définitive une oeuvre étonnante, surprenante, un très bon divertissement porté par un acteur au summum de son art
!

 

Hervé L.