L'effet domino
Bernard Rapp signe pour son troisième film, une comédie sympathique, sans
prétention et agréable inspirée d'une pièce de théâtre. Sa mise en scène
n'est pas particulièrement originale. Il n'évite pas l'écueil du théâtre
filmé. La réalisation est très statique, multipliant les saynètes et les
tableaux. On retrouve les codes du théâtre : unité de lieu et de temps.
Quelques interludes musicaux essaient de rendre les transitions moins
abruptes Mais Rapp n'est pas Kenneth Branagh : le texte se surimpose à
sa caméra. Heureusement la modestie du travail de Rapp se prête habilement
à l'intrigue : le couple modèle Attal/Kiberlain tente le diable en laissant
se répandre la rumeur de leur prochaine séparation ; jeu de l'amour et
du hasard, toute la mécanique comique se met en route. La brochette d'acteurs
réunis par Rapp joue à merveille ce vaudeville, à commencer par
les deux tourtereaux. Kiberlain rayonne de charme et de sensibilité :
toutes ses interrogations sur le couple jaillissent dans ce jeu devenu
introspection de sa vie amoureuse. Le jeu la dépasse et désarme son mari,
véritable "pantouflard de l'amour" ayant oublié tout le sens du mot séduction
Le film propose une très bonne analyse du désir et de la séduction : l'habitude
et la routine s'expriment dans le jeu d'Yvan Attal qui se laisser bercer
par son entourage. Préférant l'image que donne son couple au véritable
sens de son union, il perd pied à mesure que la doute s'installe Ses "amis"
participent habilement à ce processus de destruction. Véritables parasites,
tous représentent une forme d'échec amoureux et chacun se réjouit du malheur
de l'ami. Les bons mots se multiplient, les quiproquos s'enchaînent à
très vive allure Rapp s'en donne à cœur joie pour reprendre les archétypes
des comédies françaises : répliques cinglantes, critiques des mœurs de
la bourgeoisie avec un zeste de pessimisme sur l'avenir du couple. Il
laisse ses acteurs jouer leur partition : J-P Rouve trouve un rôle de
séducteur à contre-emploi, trublion charmeur qui achève de séparer le
couple. Petit film, grand numéro d'acteurs, le dernier Rapp mérite un
coup d'œil. Frivolité et psychologie se mêlent finalement avec bonheur
dans ce marivaudage moderne.
Hervé
L., vu en 2004
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