Camille,
actrice de théâtre est en tournée à Paris avec sa troupe italienne...Le
spectacle en italien ne marche pas fort et Camille semble très préocuppée
de jouer dans cette ville...
1.
On entre dans le film difficilement. On a du mal à adhérer à cette histoire
d'acteurs italiens avec un premier rôle donnée à une française qui joue
à Paris. Cette pièce sera le fil conducteur du film, sorte de transition
obligatoire avant chaque scène de "cinéma". On a du mal à s'identifier
aux personnages de Camille qui fuit son ancien amour Pierre, à celui d'Hugo
(le metteur en scène et acteur), l'homme qui partage maintenant la vie
de l'actrice et qui se passionne pour Goldoni (il recherche une pièce
inédite de cet auteur). On ne croit pas non plus à Dominique jeune étudiante
qui écrit un mémoire sur l'histoire des fibules, et à son frère escroc,
flambeur et séducteur. Sans parler de leur mère sorte de Maîté patissière,
et enfin de Sonia (Marianne Basler) au nébuleux passé carcéral. Tous ces
personnages vont se retrouver mêler dans des situations de séduction,
jalousie, amour, rejet, arnaque...
Même si on s'ennuie
ferme par moment (les passages de théatre filmé), et si le jeu de Jeanne
Balibar peut agacer (ses moues, grands airs et autres soliloques), il
y a pourtant dans ce film des passages réjouissants où l'on rit franchement...La
fin très enlevée est magnifique dans le genre comedia dell'arte.
Marco,
vu en 2001
Retour
liste
2.
Qui sont ils, bons ou méchants, amants fidèles trompés trompeurs, voleurs
volés, acteurs victimes, tous courant apres une idée fixe, un amour fou
? Dans un incessant ballet, l'acteur passe des planches du théatre aux
projecteurs de cinéma pour mieux jouer avec lui même, pour mieux jouer
avec nous même et nous mener nulle part ailleurs qu'au centre de nos émotions.
Paloma
M., vu en 2001
3.
D'accord avec Palo, pas d'ac avec
Marco, concernant le dernier opus de Rivette. Bien sûr, c'est lent
: Mais on sait que Rivette aime prendre son temps,
et je trouve au contraire qu'il sait donner à son film un rythme
confortable et envoûtant : bien calés dans nos fauteuils,
nous suivons avec délectation le parcours chaotique de chaque personnage*.
Chacun
poursuit sa quête personnelle et passionnelle, à tâtons,
à l'image de l'excellent Castellito cherchant désespérement
l'opéra inédit de Goldoni.
Je rejoins Marc sur la question du théâtre : en effet, pour
qui ne connaît pas bien Pirandello, il est difficile de faire le
lien entre le déroulement de la pièce et les trajectoires
des personnages. En revanche, concernant les acteurs, je m'insurge : Jeanne
Balibar est formidable, en particulier quand, seule face à la caméra,
elle décrit son trouble et ses émotions, exercice délicat
s'il en est. Les autres sont aussi excellents, Sergio Castellito en tête.
Seul bémol : Marianne Basler, trop bourgeoise dynamique (je suis
allergique). Concernant le manque de réalisme des personnages et
des situations, là non plus je ne suis pas d'accord : on se fiche
de savoir si tout cela est crédible, on est dans un univers de
fable : les rencontres entre les personnages ne sont évidemment
pas plus "réalistes" que les métiers des uns et
des autres, mais c'est dans la logique du film (et c'est aussi assez drôle).
Et ce n'est pas un hasard si la fin se déroule sur la scène
du théâtre (sur la question de la mise en abyme théâtre
et cinéma, allez tous voir le dernier Rohmer, l'Anglaise et
le duc -après avoir pris un bon café et boosté
vos neurones- pour apprécier le jeu de miroir complexe et subtil
entre théâtre, peinture, cinéma et histoire ).Quant
à la fin, hilarante, irréelle et magique, c'est comme si
Rivette nous offrait généreusement le champagne à
la fin d'une représentation réussie.
L.G.,
vu en 2001
Retour
liste
*Petite
précision : Rivette écrit le scénario au fur et à
mesure du tournage, ce qui contribue aussi peut-être à cette
impression délicieuse de flottement.
|