Vendredi soir. Une femme prend sa
voiture aller dîner chez des amis. Demain, elle déménage
pour aller vivre chez son ami. En cette période de grève,
les rues de Paris sont totalement bloquées par les embouteillages.
Un homme va croiser sa route.
On a pu lire beaucoup d'éloges
du dernier film de Claire Denis : "film du bien-être"
; "une heure et demie de stase hédoniste, carpe diem de rentrée parfait."
"film qui bouleverse sans qu'on sache exactement pourquoi."
Soyons clairs : je ne me reconnais dans aucun de ces dithyrambes. Tout
comme le très stylisé Trouble Every Day m'avait laissé
totalement froid, Vendredi soir me semble tout à la fois
prétentieux et vide. Que l'histoire tienne sur une feuille de papier
à cigarette, cela ne me dérange pas a priori, pour
peu que la réalisatrice me fasse partager une sensualité,
une émotion profonde, un moment précieux. Hélas,
pour moi, rien ne prend. Rien dans le rythme, dans le montage, dans le
choix des plans, ne me semble restituer ce moment particulier dans la
vie de cette femme. Malgré l'interprétation de qualité,
les personnages me semblent lointains, dépassés par une
mise en scène qui prend toute la place. Face à un sujet
qui aurait mérité une plus grande simplicité, Claire
Denis fait dans la surenchère de gros plans, montés nerveusement
par une artiste trop sûre d'elle, rendant toute cette histoire artificielle
et fausse. Restent quelques beaux instants poétiques dans la chambre
d'hôtel, à la fin de la nuit. En définitive, c'est
ce genre de film qui contribue à alimenter à l'étranger
l'image d'un cinéma français hermétique, ampoulé,
et surtout, profondément ennuyeux...