Le thème
de la peine de mort aux Etats-Unis a donné lieu à des
films très nombreux et très variés dans l'histoire
du cinéma hollywoodien. De Je veux vivre ! (Robert Wise)
à La dernière marche (Tim Robbins), en passant
par De Sang-froid (Richard Brooks), Hollywood a souvent pris
parti contre cet abcès de la démocratie que représente
la peine capitale. Pour les plus récents des films constitutifs
de ce mini-genre, c'est la forme du thriller qui prédomine, au
détriment de l'analyse véritable, de la réflexion
: la priorité va au divertissement ; cette tendance tend parfois
à affaiblir (voire pervertir) le message pourtant souvent humaniste
et "libéral", comme dans Jugé coupable
de Eastwood ou les innombrables adaptations des romans de John Grisham
(Le droit de tuer, l'héritage de la haine) Alan
Parker se place dans cette dernière tradition : peu de prêche,
beaucoup de suspense, mais aussi peu de temps passé à
décortiquer le système judiciaire et carcéral américain.
La vie de David Gale raconte l'histoire d'un militant acharné
contre la peine de mort qui se retrouve condamné à la
peine capitale. ce dernier évoque son parcours devant une journaliste
d'abord sceptique, puis convaincue de son innocence, qui va tenter de
le sauver quelques heures avant son exécution.
On a déjà vu ça, me direz-vous. Sans doute, mais
le film se démarque de ses prédécesseurs en se
focalisant sur le parcours du personnage principal, un professeur de
philosophie qui entre peu à peu dans une spirale de déchéance
assez terrifiante, prenant à rebours le concept de réussite
sociale cher aux Américains.
Tout le flash-back est passionnant, même si la peinture des militants
de Death-Watch reste un peu caricaturale. J'ai parfois été
agacé par l'absence de renouvellement du scénario (Kevin
Spacey tenté par une étudiante, n'est-ce pas un ressucé
d'American Beauty ?). Néanmoins, l'ensemble fonctionne,
et finalement le retournement final redore un peu le blason de ces courageux
qui luttent pour un système plus juste. D'habitude les pirouettes
scénaristiques finales qui envahissent la plupart des produits
hollywoodiens actuels ont le don de m'exaspérer. Celle-ci m'a
moins choqué, ne serait-ce que parce qu'elle échappe au
au schéma habituel (est-il innocent ou coupable ?) et répond
aux questions laissées en suspens par le scénario. On
pourrait aussi y voir un clin d'oeil (inversé) à l'invraisemblable
vérité de Fritz Lang (un journaliste se faisait accuser
de meurtre pour dénoncer la peine de mort).
On peut remercier Alan Parker, une fois n'est pas coutume, pour la sobriété
de sa mise en scène (en lui pardonnant deux ou trois effets de
montage vomitoires), aidé par une batterie de comédiens
de grande qualité : Kevin Spacey, Laura Linney, Kate Winslet
sont tous impeccables. Les images du Texas surprennent : humidité,
ciel bas, pluie incessante, donnant à ce film bien ficelé
une atmosphère déprimante tout à fait adaptée
au sujet traité.
Laurent
G.
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