La vie de David Gale
(The Life of David Gale)
Etats-Unis
2002
Production : Universal, Nicolas Cage, Alan Parker Réalisation : Alan Parker
Scénario : Charles Randolph
Image : Michael Seresin
Montage : Gerry Hambling, A.C.E.
Musique : Alex et Jake Parker
Durée : 132 mn
Avec : Kevin Spacey (David Gale) Kate Winslet (Bitsey Bloom) Laura Linney (Constance Harraway) Gabriel Mann (Zack Mullarkey)


Le thème de la peine de mort aux Etats-Unis a donné lieu à des films très nombreux et très variés dans l'histoire du cinéma hollywoodien. De Je veux vivre ! (Robert Wise) à La dernière marche (Tim Robbins), en passant par De Sang-froid (Richard Brooks), Hollywood a souvent pris parti contre cet abcès de la démocratie que représente la peine capitale. Pour les plus récents des films constitutifs de ce mini-genre, c'est la forme du thriller qui prédomine, au détriment de l'analyse véritable, de la réflexion : la priorité va au divertissement ; cette tendance tend parfois à affaiblir (voire pervertir) le message pourtant souvent humaniste et "libéral", comme dans Jugé coupable de Eastwood ou les innombrables adaptations des romans de John Grisham (Le droit de tuer, l'héritage de la haine) Alan Parker se place dans cette dernière tradition : peu de prêche, beaucoup de suspense, mais aussi peu de temps passé à décortiquer le système judiciaire et carcéral américain.
La vie de David Gale raconte l'histoire d'un militant acharné contre la peine de mort qui se retrouve condamné à la peine capitale. ce dernier évoque son parcours devant une journaliste d'abord sceptique, puis convaincue de son innocence, qui va tenter de le sauver quelques heures avant son exécution.
On a déjà vu ça, me direz-vous. Sans doute, mais le film se démarque de ses prédécesseurs en se focalisant sur le parcours du personnage principal, un professeur de philosophie qui entre peu à peu dans une spirale de déchéance assez terrifiante, prenant à rebours le concept de réussite sociale cher aux Américains.
Tout le flash-back est passionnant, même si la peinture des militants de Death-Watch reste un peu caricaturale. J'ai parfois été agacé par l'absence de renouvellement du scénario (Kevin Spacey tenté par une étudiante, n'est-ce pas un ressucé d'American Beauty ?). Néanmoins, l'ensemble fonctionne, et finalement le retournement final redore un peu le blason de ces courageux qui luttent pour un système plus juste. D'habitude les pirouettes scénaristiques finales qui envahissent la plupart des produits hollywoodiens actuels ont le don de m'exaspérer. Celle-ci m'a moins choqué, ne serait-ce que parce qu'elle échappe au au schéma habituel (est-il innocent ou coupable ?) et répond aux questions laissées en suspens par le scénario. On pourrait aussi y voir un clin d'oeil (inversé) à l'invraisemblable vérité de Fritz Lang (un journaliste se faisait accuser de meurtre pour dénoncer la peine de mort).
On peut remercier Alan Parker, une fois n'est pas coutume, pour la sobriété de sa mise en scène (en lui pardonnant deux ou trois effets de montage vomitoires), aidé par une batterie de comédiens de grande qualité : Kevin Spacey, Laura Linney, Kate Winslet sont tous impeccables. Les images du Texas surprennent : humidité, ciel bas, pluie incessante, donnant à ce film bien ficelé une atmosphère déprimante tout à fait adaptée au sujet traité.

Laurent G.


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