Vive l'amour
Aiqing Wansui
Tsai Ming Liang
Taïwan
1994

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Hole (The)
La Rivière

Le deuxième film de Tsai Ming Liang ne peut évidemment pas laisser indifférent. On est plongé dans le quotidien de Taipei, sans rebondissement, avec une grande froideur. Ce film me fait immédiatement penser à M/other, oeuvre japonaise, d'où ressort une même détresse absolue des hommes et des femmes, une même solitude, un même vide existentiel et une absence de communication entre les êtres. Les trois personnages errent dans une société où l'identité, la sexualité, la mort semblent vidés de leur sens par un quotidien tout aussi morne.
La maîtrise des décors (et en particulier du vide -l'appartement de Taipei où se croisent les protagonistes, ceux que fait visiter la femme de l'agence, le jardin public des plans de la fin), l'absence de musique, l'importance donnée aux sons et aux rares voix, la précision du cadrage, rendent à mon sens ce film totalement fascinant, malgré le désespoir qui en ressort. Il faut se laisser "hanter" par Vive l'amour, car il ne nous donne pas les clés habituelles et confortables du cinéma commercial : à nous de méditer pendant et après visionnement sur ces images à la fois banales et parfaitement angoissantes.
Enfin, il y a aussi quelques touches d'humour et de burlesque, avec le ballet et le chassé-croisé des "héros" dans l'appartement.
Notons aussi l'apparition du thème de l'eau, qui reviendra dans les films futurs de Tsai Ming Liang.

L.G., vu en 2001