Akira
1985
Japon
réal. : Katsuhiro Otomo
Animation

Autre film de Katsuhiro Otomo sur le site : Steamboy

 

Tourbillon nippon
Akira représente un moment phare dans l'histoire du cinéma : l'irruption dans le panorama mondial de l'animation japonaise. Le film est plus que l'adaptation du manga de Otomo. Réalisé alors que la série était en cours de conception, il se définit comme un épisode à part. Disons le tout net : nous avons là un chef d'œuvre. D'abord par la nouveauté du concept (pour nous européens). C'est un véritable film de science fiction dessiné. L'intrigue est prenante : un Tokyo post apocalyptique devient le jouet de force incontrôlable déchaîné par des scientifiques apprentis sorciers. Tokyo présente la métaphore de la ville future : babylone déchue et divisée. Ce n'est pas une mais plusieurs villes qui se surimposent. Otomo nous livre sa vision pessimiste de la science, vision ancrée dans le passé de son pays frappé par la puissance de l'atome. Toute la force est de dessiner ce qui aurait été filmé. Les personnages sont extrêmement travaillés. Otomo plonge dans les racines de l'anti-héros et nous brosse le portait du sauveur des temps modernes : de jeunes motards, délinquants oubliés et victimes d'une société aveugle. Mais attention loin de sombrer dans le jeunisme ; le réalisateur nous décrit un monde traversé par les sectes, les multinationales, l'exclusion et l'extrême violence. Un monde lointain et pourtant si proche. Le film est vif, violent certes mais d'une remarquable pertinence. Il plonge à la fois dans la mentalité japonaise mais aussi dans celle de l'Occident ivre de science et de sa soi disant puissance. D'autre part, l'animation confère à l'histoire une saveur toute particulière : le dessin est magnifique (en particulier le design des motos). Elle permet le développement d'univers très complexes et une audace graphique. Enfin le film est un hymne à l'avenir. Loin de l'univers sombre des premières scènes, il insiste sur le fond d'humanité qui sommeille en chacun de nous (et qui est si prononcé chez ceux que le système exclue). Ce film annonce avec presque 20 ans d'avance les errements du 21è siècle : communautarisme, égoïsme, scientisme.

Hervé L.

 

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