Résumé
7 ans après
la mort de sa femme, un producteur de télévision décide
de se remarier, sur les conseils de son fils. Mais difficile de trouver
l'âme soeur. A l'aide d'un de ses collègues, il organise
une audition de jeunes femmes pour un faux projet de film. il espère
ainsi sélectionner sa future femme. L'astuce semble réussir,
et il tombe follement amoureux d'une candidate fragile au passé
apparemment douloureux. Celle-ci semble partager ses sentiments, mais
son comportement mystérieux intrigue , qui se met à fouiller
dans son passé. Une brutale et terrifiante descente aux enfers
l'attend.
Si le cinéma
contribue à révèler l'inconscient collectif d'un
pays, d'une société, ce que nous montre un certain nombre
de films japonais actuels ne laisse pas d'inquiéter de l'état
de la société et des moeurs nippones. Après Eureka,
Ring, Battle royale, voici
un nouvel objet cinématographique particulièrement singulier.
Dans un premier temps, le film semble hésiter entre la comédie
de moeurs et la chronique familiale (même si l'étrangeté
de la scène d'ouverture peut nous mettre en garde), puis se met
à ressembler à Vertigo d'Hitchcock, avant de sombrer
dans l'horreur absolue. Autant le dire tout de suite, la violence quasi
insoutenable des scènes finales fait en général sortir
une partie du public de la salle (on les comprend). Néanmoins,
l'existence même de cette séance de torture au sein du film
mérite réflexion, une fois le choc passé. Pourquoi
montrer de telles scènes ? Je ne pense pas que l'on puisse reprocher
au réalisateur de surfer de façon racoleuse sur la vague
de violence de beaucoup de films japonais actuels (reproche que l'on pouvait
faire en revanche à Battle Royale). Takeshi Miike semble
plutôt vouloir nous montrer, derrière le paravent d'une société
policée, derrière l'hypocrisie des comportements (même
si le personnage principal n'est pas vraiment un salaud), une violence
rentrée, des obsessions et des frustrations d'une ampleur que l'on
a du mal à imaginer. Même si dans l'ensemble, la réalisation
un peu molle ne m'a pas franchement enthousiasmé, ce film reste
un objet inquiétant et terrifiant qui vaut surtout pour les thèmes
sous-jacents qu'il développe, mettant en lumière ce qui
pourrait bien être des exutoires d'une société en
état de suffocation.
Ames sensibles s'abstenir (impérativement)...
Laurent
Goualle, vu en vo à Rennes (2002)