1.
A propos de "Et là-bas quelle heure est-il ?" Plutôt déçue ! C'est très
beau, mais c'est très lent et triste, mortellement triste ! Quel univers
où chaque personnage est muré dans sa solitude, sans autre lien qu'un
"fantôme" (?) ! Je me suis demandée (et je me demande encore si le "rayon
vert " était un avatar technique du projecteur ou le symbole de cette
présence-absence évidemment sans manifestation sensible. Et ces allusions
aux "400 coups" que je n'ai découvert qu'en lisant les critiques de Télérama
ou le Monde ? Et Jean-Pierre Léaud ? Et cet aquarium avec le gros poisson
? Tout cela doit être symbolique ? Je ne me suis pas ennuyée mais je n'ai
rien compris. C'est un film pour "intellectuels branchés cinéma" je n'en
suis pas. Prière d'envoyer mode d'emploi si c'est utile.
Michelle
G., vu en 2001
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2.
Alors que je m'apprêtais, en bon fan de Tsai-Ming Liang, çà
défendre bec et ongles son dernier opus contre les attaques de
Michelle G., j'avoue qu'à la sortie du film, mes résolutions
sont moins fermes. On reconnaît pourtant l'univers du réalisateur
(avec son acteur-fétiche, Lee Kang-sheng, et le schéma scénaristique
qui apparaissait déjà dans la plupart de ses films (sinon
tous, car je n'ai pas vu Les rebelles du Dieu néon), à
savoir une série de personnages enfermés dans leur solitude
qui tissent des embryons de liens par l'intermédiaire d'un trou
dans un plafond (The Hole), d'un appartement vide (Vive l'amour),
ou même d'une maladie étrange (La Rivière).
Dans Et là-bas, quelle heure est-il ?, c'est une notion
plus diffuse qui relie chacun des protagonistes, celle d'espace-temps.
Hsiao Kang, dont le père meurt au début du film (superbe
scène muette), change les horloges et les montres de Taipei pour
retrouver le temps de Paris. Paris où est partie, Shiang-chyi,
une jeune femme qui lui a acheté une montre. Cette jeune femme,
perdue dans un environnement hostile, tente elle-même de retrouver
le temps de Taiwan. Enfin, la mère de Hsiao Kang, sombrant dans
la folie, tente de se mettre à l'heure des morts, pour faire revenir
son mari défunt, ce fantôme qui finira par boucler la boucle
de cette relation à distance.
Un autre élément sert de lien entre les personnages, le
cinéma : Hsiao Kang regarde Les 400 coups parce que c'est
un film français ; Shiang, elle, rencontre Jean-Pierre Léaud
sur un banc...
Si la magie opère moins que pour ses précédents films,
c'est paradoxalement en raison de cette distance physique entre les personnages,
qui ne se croisent qu'au début du film, et l'absence d'une réelle
progression dans les itinéraires respectifs de Kang et Chyi. Il
reste de très beaux plans parfaitement composés (entre autres,
celui du début et de la fin), une superbe photographie (Benoît
Delhomme), et une vision assez sinistre de Paris (vivement le retour à
Taipei).
Laurent
G., vu à Pau en 2002
P.S. On notera que
Tsai-Ming Liang reprend dans ce film non seulement les personnages de
La Rivière (le père, la mère
et le fils), mais aussi une partie des décors, puisque l'on retrouve
la même table de cuisine, le même aquarium, la même
cocotte-minute de l'appartement familial. Le temps s'est écoulé,
le père est mort, mais la tragédie des existences demeure...
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